Nouvelles sur les méfaits de Bongo


Peace Corps volunteer killed: The 37-year-old woman from Delco was found stabbed in Gabon. Police have arrested two men.
By Andrew Rice
INQUIRER SUBURBAN STAFF, De. 18, 1998

A Delaware County woman serving as a Peace Corps volunteer was found stabbed to death early yesterday near her home in the West African nation of Gabon, the agency reported. Karen M. Phillips, 37, who joined the Peace Corps this year after a career in marketing and fund-raising, had been living in Gabon since April and helping farmers market their produce, the agency said. Her body was found in tall grass near her house. Police in Oyem, Gabon, arrested two men in the slaying, Peace Corps spokesman Brendan Daly said. Daly said he did not know if they had been formally charged. Little information was available about the circumstances of Phillips' death. Daly said Peace Corps staff in Gabon did not know the motive, but he
said it appeared to be "an individual case" and not politically motivated or an act of terrorism.

Phillips was a native of Delaware County who attended Padua Academy, a girls' school in Wilmington. She earned an undergraduate degree in accounting from Villanova University in 1982, and a master's in business administration from Fordham
University in 1989. After stints in marketing at Chemical Bank and the investment banking firm Lazard Freres & Co., both in
New York, she moved to Atlanta, where she worked for five years as a fund-raiser for CARE, the international relief organization. It was there that she became interested in "working firsthand" with people in the Third World, said one of her two brothers, Carl, an electrician.

Phillips went to Gabon for orientation in April and was sworn in as a Peace Corps volunteer in June. "She loved it," Carl Phillips said last night. He said she was making use of her knowledge of French in Gabon, a former French colony, and had told her family recently that a Gabonese farmer had gone away for a few weeks and entrusted her with running his farm. Her parents, Anna Phillips of Media and Richard Phillips of Twin Oaks, are devastated, her brother said. "They're just trying to understand why," Carl Phillips said, "with her there trying to help and all. They didn't like the idea of her being there, but that was what she chose to do. That was her." He said she sent pictures home of herself playing guitar with children in the village where she lived.

In a news release, Peace Corps director Mark Gearan said the agency was "outraged and deeply saddened" by Phillips' death. "She embodied the highest ideals of the Peace Corps and was an outstanding volunteer." There are about 80 Peace Corps volunteers in Gabon, a nation of 1.2 million on the West African coast. Phillips is the fourth Peace Corps volunteer to have
been murdered this year, Daly said. Two killings, in Ukraine and the Ivory Coast, stemmed from robbery attempts, he said. A third volunteer, stationed in the Philippines, was the victim of a random drive-by shooting. "This is a very unusual year for us," Daly said. Only one other volunteer had been killed in the last seven years, he said. The agency has 6,500 volunteers
stationed in 80 countries worldwide. Phillips' body will be flown back to the United States over the weekend, Daly said, and funeral arrangements are pending. Besides her brother and her parents, Phillips is survived by her mother, Anna Phillips, of Media; her father, Richard Phillips, of Twin Oaks, Delaware County, and two brothers.

©1998 Philadelphia Newspapers Inc.


Un petit avion s'écrase au centre de Libreville: deux morts, deux blessés

LIBREVILLE, Gabon (AP, jeudi 17 décembre 1998) -- Un petit avion s'est écrasé jeudi après-midi dans un quartier de Libreville, tuant les deux pilotes qui se trouvaient à bord et détruisant plusieurs habitations. Au moins deux personnes ont été blessées au sol, selon des témoins cités par la radio nationale. Des responsables de l'aviation civile gabonaise ayant requis l'anonymat ont précisé que l'appareil appartenait à la compagnie locale Air Service et qu'il devait relier Libreville au terminal pétrolier de Port Gentil. Il n'y avait aucun passager à bord lorsque l'avion s'est écrasé entre 16h30 et 17h locales (entre 15h30 et 16h GMT), ont-ils ajouté.

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Africa No. 1 Opens Local Station In Abidjan

December 13, 1998

ABIDJAN, COTE D'IVOIRE (PANA) - Radio Africa No.1 is to start broadcasting Monday on a local FM channel in Abidjan. A joint private business venture between Cote d'Ivoire and Gabon (51 percent and 49 percent) respectively, the station, which is employing 15 permanent local staff, would be broadcasting six hours daily during week days. It becomes the second international broadcasting channel to open a local office in Abidjan after Radio Nostalgie of France.

''We have great ambitions. we want to be one of the radios most listened to in Abidjan. We also want to be an appreciated radio, because we are commercial and would be relying on advertisement from our listeners to make profit,'' Yao Noel, the Ivorian general manager of Cote d'Ivoire Radio Company, which owns the local channel of Africa No.1, said. Africa No.1, an initiative of Gabon, went on the air for the first time in 1982, with the broad objective of serving as the nucleus of a pan-African radio network reflecting African thinking on regional and global events.

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La chute des cours frappe de plein fouet quatre pays africains

LAGOS, 12 déc (AFP) - La chute des cours du brut frappe de plein fouet quatre pays africains, allant jusqu'à menacer dans le plus peuplé d'entre eux, le Nigeria menaçant le retour, pourtant bien amorcé, de ce pays à la démocratie. Le pétrole représente 98% des ressources en devises du Nigeria. Il représente 81% des ressources en devises et 87% des revenus
de l'Etat en Angola, deuxième producteur en Afrique subsaharienne derrière le Nigeria. Il représente 41% du PIB du Gabon, "petit Eldorado pétrolier du golfe de Guinée" où l'Etat tire l'essentiel de ses ressources de l'exploitation du pétrole et 60% des revenus de l'Etat au Congo-Brazzaville dont le projet de budget pour 99 sera en baisse de 20% par rapport à l'exercice 98.

Sixième producteur de l'OPEP, le Nigeria (2 millions de b/j), ancre traditionnellement son budget sur le prix du baril de brut. Ce dernier a chuté de 22 dollars depuis fin 1997, pour descendre jeudi, à l'ouverture du marché de Londres, à 9,91 dollars, le prix le plus bas jamais atteint en plus de dix ans de cotation sur ce marché. Après des années de régime militaire, un immense besoin de renouveau monte de tout le pays mais l'administration civile appelée à prendre la relève, fin mai 1999, risque de ne pas avoir les moyens de combler cette attente. En 1996, le Nigeria a tiré 13,68 milliards de dollars de ses revenus pétroliers. Cette année, il ne devrait engranger que 8 milliards de dollars sur les 10 milliards prévus. Et pour 1999, le tableau s'annonce encore plus sombre.

L'Angola quant à lui avait déjà révisé son budget à la baisse en juillet, en le faisant passer de 3,8 à 2,8 milliards de dollars en raison de la chute des prix du brut. Ce pays, qui devrait produire en moyenne 730.000 b/j en 1998, avait vendu son baril de pétrole à 20 USD en 1996, puis à 18,5 en 1997 et tablait sur un prix de 14 dollars en 1998. La chute des prix ne pouvait intervenir à un pire moment pour un gouvernement qui doit financer des opérations militaires à l'intérieur, contre l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) et à l'extérieur, aux côtés de l'armée du président Laurent-Désiré Kabila. L'Etat arrive à peine à payer ses fonctionnaires et n'est pas en mesure d'investir dans des secteurs en plein délabrement comme la santé, l'éducation et les infrastructures de base.La compagnie nationale Sonangol est sollicitée de toutes parts pour financer un certain nombre de projets publics ou privés mais elle n'en a plus la capacité.

Au Gabon, "à chaque fois que le cours du pétrole chute d'un dollar, l'Etat gabonais perd 36 MD de F CFA (360 M de FF)", résume un économiste qui précise "qu'avec un budget primitif 98 établi sur la base d'un baril à 17 USD, des dizaines de milliards se sont envolés et ne rentreront pas dans les caisses de l'Etat". L'effondrement des prix du baril a eu pour conséquence immédiate une réduction de près de 15%, du budget annuel de l'Etat par rapport aux prévisions, souligne un rapport officiel. Si, selon le ministre de l'Economie et des Finances, Doupamby-Matoka, "les mesures de rigueur budgétaire engagées dés le début de la crise permettront de ne pas perturber le fonctionnement normal de l'administration", ce manque-à-gagner aura inévitablement des conséquences sur le quotidien des Gabonais, notent les observateurs. Pour la première fois, l'Etat n'a pas remboursé les échéances de sa dette (70% du PIB) aux bailleurs de fonds internationaux.

Au Congo-Brazzaville, la production de brut a enregistré une augmentation spectaculaire depuis 1995, passant de 8 millions de
tonnes par an à 13 millions prévus en 1998 avec l'entrée en production des gisements off-shore de Nkossa en 1997 (Elf-Congo opérateur) et Kitina en 1998 (Agip-recherches opérateur). Le gouvernement congolais avait intégré cette hausse de production dans ses prévisions budgétaires pour 1998, sur la base d'un baril à 14,5 USD. Selon le ministère des Finances, les fluctuations des cours ont déjà fait perdre au moins 22 milliards FCFA (environ 40 millions USD) de redevances pétrolières depuis juillet sur un montant total fixé à 260,8 milliards FCFA dans le projet de budget 98. En fait, selon les milieux financiers, les redevances 98 devraient baisser "considérablement" par rapport aux prévisions budgétaires. Les restrictions budgétaires qui en découlent risquent de compromettre le financement du programme conclu en juillet entre le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI), et particulièrement les projets de reconstruction des infrastructures détruites par la guerre civile de 1997.

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La chute des cours mondiaux a entraîné le Gabon dans une passe difficille

Par Hervé BAR, LIBREVILLE, 11 déc (AFP) - La chute historique des prix du pétrole et l'épuisement progressif de ses réserves ont entraîné le Gabon, petit "eldorado pétrolier" du Golfe de Guinée, dans une passe économique difficile. La mauvaise année 1998 a mis en relief la vulnérabilité d'une économie basée en grande partie sur l'exploitation du pétrole, dont
l'Etat gabonais tire l'essentiel de ses ressources. En 1997, le précieux liquide représentait 41% du produit intérieur brut, contre contre 37% en 1995 et, selon les prévisions initiales, la part du pétrole devait revenir à 38% du PIB. Mais cet objectif sera loin d'être atteint, le baril ayant chuté à moins de onze dollars, entraînant l'économie gabonaise dans le rouge.

"A chaque fois que le cours du pétrole chute d'un dollar, l'Etat gabonais perd 36 MD de F CFA (360 M de FF)", résume ainsi un économiste tout en précisant "qu'avec un budget primitif 98 établi sur la base d'un baril à 17 USD, des dizaines de milliards se sont envolés et ne rentreront pas dans les caisses de l'Etat". L'effondrement des prix du baril, de 18 à 11 dollars entre 1997 et 1998, a eu pour conséquence immédiate une réduction de près de 15%, du budget annuel de l'Etat par rapport aux prévisions, souligne un rapport officiel. Si, selon le ministre de l'Economie et des finances M. Doupamby-Matoka, "les mesures de rigueur budgétaire engagées dés le début de la crise permettront de ne pas perturber le fonctionnement normal de l'administration", ce manque-à-gagner aura inévitablement des conséquences sur le quotidien des Gabonais, notent les observateurs.

Echaudé, le gouvernement gabonais, avec plus de la moitié de ses recettes provenant de l'or noir, a établi son budget pour 1999 sur l'hypothèse d'un baril à 13 dollar. A l'avenir, il devra également prendre en compte le déclin inéluctable de la production nationale. Celle-ci est actuellement à son apogée: 18,6 millions de tonnes en 97, entre 17,5 et 18 millions en 1998 soit près de 360.000 barils par jour. La rente pétrolière n'est pas éternelle et la baisse de régime semble déjà entamé avec l'épuisement progressif des réserves. Selon ministre gabonais des Mines, de l'énergie et du pétrole, Paul Toungui, réserves pétrolières du Gabon sont de l'ordre de 200 millions de tonnes, soit encore dix ans de production au rythme actuel. Malgré les forages de cinq à six puits d'exploration en 1997, aucune découverte majeure n'a été signalée depuis plusieurs années. L'off-shore très profond (entre 2.000 et 4.000 mètres) laisse pourtant espérer quelques découvertes. Le ministre des Mines et de l'Energie a ainsi lancé en juin dernier un appel d'offre pour l'attribution de "12 blocs" sur le secteur au large de la cote gabonaise.

Seuls trois permis sur 12 ont cependant déjà été attribués, et les grandes compagnies pétrolières ne se bousculent plus au portillon. Total, Shell, Elf et d'autres compagnies ont aussi été touchés par la chute des prix du brut, et beaucoup hésitent à entreprendre ce type d'exploitation très coûteuse et finalement "peu rentable avec un baril à 10 dollar", estime un expert gabonais. Fini donc le temps où l'argent du pétrole coulait à flot sur ce "petit émirat d'Afrique". Dans l'immédiat, le Gabon encaisse le choc "plutôt bien", juge un expert occidental. Pour la première fois, l'Etat n'a pas remboursé les échéances de sa dette (70% du PIB) aux bailleurs de fonds internationaux, "mais ce pays, à la différence de beaucoup de ses voisins africains, n'a jusqu'à présent jamais bénéficié d'une annulation de ses créances", souligne cet expert. Pour amortir la baisse des recette pétrolières --et prévenir un tarissement des réserves--, le gouvernement n'a plus d'autre solution que de diversifier son économie, et donne désormais la priorité à de nouveaux secteurs d'activités: les mines, l'agriculture, la pêche et le tourisme où beaucoup reste à faire.

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Editorial : Françafrique, rien ne change

(Le Monde du 9 décembre 1998). DÉCIDÉMENT, entre la France et l'Afrique, rien ne change, ou si peu. Quelques jours après le vingtième sommet Afrique-France qui s'est tenu, en grande pompe à Paris, les 27 et 28 novembre, on découvre que les vieilles habitudes où se mêlent corruption et paternalisme, dédain pour la démocratie africaine et mépris des principes proclamés, ont toujours cours. L'affaire gabonaise, où l'on voit des avocats et des magistrats français, engagés à droite, voire à la droite de la droite, répondre aux sollicitations d'un survivant des réseaux de la « Françafrique » légués par le défunt Jacques Foccart pour se porter garants de la réélection d'un président inamovible est sidérante. Elle l'est encore plus quand l'on découvre que nombre de ses protagonistes ont leurs entrées à l'Elysée et que s'y ajoute un ténébreux épisode où circule, de Libreville à Paris, une mallette d'argent liquide dont la découverte n'a mystérieusement donné lieu à l'ouverture d'aucune enquête.

Non sans condescendance, on aime souvent plaisanter ces mœurs détestables, comme s'il s'agissait d'un souvenir plaisant des colonies. Cette attitude est sans doute la pire injure que l'on puisse faire aux Africains et à nous-mêmes. Au moment où Paris se flatte de fêter le cinquantième anniversaire d'une Déclaration qui inscrit l'universalité de droits garantissant la dignité et l'intégrité de l'humanité, des Français – et même des magistrats, donc des juges, chargés de faire appliquer la loi commune ! –
acceptent sans hésitation de participer à l'organisation de ce qu'il faut bien appeler la caution d'une mise en scène électorale, directement préparée et financée par l'homme qu'ils sont censés « contrôler » le richissime président gabonais, Omar Bongo.

Comment ne pas, dès lors, s'interroger sur la sincérité de cette élection présidentielle quand l'on voit, au détour des lettres échangées entre le Français Robert Bourgi et son « papa » (sic !) Omar Bongo qu'il s'agissait bien de recruter des observateurs complaisants et acquis à la réélection de ce dernier ? Et comment ne pas s'étonner que cette mascarade ait été organisée sous couvert de l'ambassadeur de France à Libreville, destinataire de certains de ces courriers ?

L'homme-clé de cette affaire est donc Robert Bourgi. Or il est membre du RPR, le parti du président de la République, Jacques Chirac, et du Club 89, que préside Jacques Toubon, ancien ministre de la justice et, jusqu'à il y a peu, conseiller à l'Elysée. Tout change en apparence, et rien ne change dans les faits. Car Robert Bourgi, avocat de profession, ami de nombre de présidents africains élus ou réélus dans des conditions douteuses, très proche de feu le maréchal Mobutu Sese Seko, est bien, pour le dire sans fioritures, un homme des réseaux gaullistes en Afrique.

Cette affaire ne doit pas rester sans suite. On attend de Jacques Chirac que, conformément à ses discours sur la démocratie en Afrique et, encore lundi, sur les droits de l'homme, qu'il se désolidarise nettement et mette fin à ces pratiques. On attend aussi du garde des sceaux qu'il se prononce sur l'attitude de magistrats, représentants de la loi, qui ont ainsi terni la réputation de la France.

Droits de reproduction et de diffusion réservés; © Le Monde 1998.


Violation de la liberté des média au Gabon: Rapport 1997 de Reporters Sans Frontières (RSF) ZONE
Afrique

Dans la nuit du 21 au 22 juin 1996, Raphaël Ntoutoume Nkogue, collaborateur de l'hebdomadaire satirique La Griffe, est poursuivi par une voiture. L'affaire est portée devant le bureau du procureur de la République, mais reste sans suite. Dans son édition du 28 juin, La Griffe se déclare victime d'une "opération de déstabilisation", revenant sur l'agression du directeur de la publication du journal, Edouard Moussock, et de l'administrateur délégué de La Griffe, survenue peu avant dans des circonstances semblables.

Le 22 octobre, le Conseil national de la communication (CNC) suspend, pour une durée de quinze jours, toutes les interventions en direct sur l'antenne de la radio privée proche de l'opposition Radio Soleil. Le CNC, organe constitutionnel à composition tripartite (gouvernement, parlement et professionnels), argue de ce que "cet organe de presse avait servi de cadre à des échanges malsains entre citoyens". Le 20 octobre, la radio a diffusé une émission faisant intervenir en direct des auditeurs pour commenter le déroulement du scrutin pour les élections municipales et départementales tenues le jour même. Nommément mise en cause par un des intervenants et accusée de fraude électorale, Patience Dabamy, l'ex-épouse du chef de l'Etat, était intervenue pour user de son droit de réponse. Ses propos, pour le moins outranciers, avaient suscité une surenchère de la part des auditeurs. A la suite d'un entretien avec le président du CNC, la directrice de la radio, Marguerite Mackaga, obtient, le 25 octobre, l'autorisation de reprendre ses émissions en direct depuis les studios de Radio Soleil -- mesure qui entre en application le 28 octobre.

Radio Soleil n'est pas le seul média à être épinglé aux lendemains du scrutin. Le CNC s'élève en effet -- sans cependant prendre de mesures concrètes -- contre des "dérapages" survenus dans la presse écrite et audiovisuelle d'Etat. Le 26 décembre, le CNC interdit, pour une durée de un mois, à Radio Soleil de "faire participer aux émissions à caractère politique (...) des personnes extérieures à cette station". Cette interdiction s'applique aussi bien aux émissions en direct qu'en différé. Selon le CNC, "Radio Soleil n'a pas respecté les engagements qu'elle avait pris (...) en diffusant des appels à la désobéissance civique de nature à porter atteinte à l'ordre public et en refusant le pluralisme d'opinions dans ses émissions post-électorales". D'après le chef d'antenne de la radio, Françis Edou Eyene, les journalistes avaient diffusé les propos de leaders politiques appelant à la désobéissance civile lors d'une conférence publique.

Voir Reporters Sans Frontières-Zone Afrique


[Françafrique]: Démons colonialistes, éditorial par José Fort

La politique africaine de la France exige une réévaluation totale mettant fin aux schémas du passé. L'Afrique aspire au développement et à la modernité.

Mardi 7 Janvier 1997 (L'Humanité) L'opération militaire française en Centrafrique fait resurgir les vieux démons colonialistes dans le continent noir. Tous les ingrédients d'une mauvaise soupe sont réunis: un accord de défense avec un régime discrédité, une présence militaire chargée 'officiellement' de protéger les 'coopérants européens' et servant de rempart à un pouvoir - celui d'Ange Patassé - bien en cour à l'Elysée; une provocation se concluant avec l'assassinat de deux militaires français; une 'riposte' contre les 'rebelles' responsables d'un 'crime' qu'il convenait de 'mater'. Un scénario connu, bien ficelé. Au nom du 'droit', les militaires ont bombardé, tiré, tué. En fait, les soldats français sont intervenus dans les affaires d'un pays étranger, à moins que l'on ne considère l'Afrique comme une possession coloniale.

Paris entretient des forces à Djibouti, au Tchad, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Gabon, au Cameroun, et plus discrètement ailleurs. Cela ne date pas d'hier. Tout au long des dernières années, les militaires français ont joué trop souvent le rôle de gendarmes de régimes mis en place et conseillés très particulièrement par les cellules élyséennes. Les résultats sont connus: un Mobutu au Zaïre, un Bongo au Gabon, un Eyadema au Togo, et bien d'autres encore, qui ne rivalisent que dans le contenu de leurs coffres-forts en Suisse. Tous ont pillé leurs pays et les lignes de crédit français en martyrisant les opposants à leur politique destructrice. La France a soutenu ces hommes. Peut-elle poursuivre dans cette voie indigne?.

Lorsque Jacques Chirac a décidé la reprise des essais nucléaires, nous avons exprimé notre indignation. Quand le président de la République, dans les rues de Jérusalem, a revendiqué le droit des Palestiniens à vivre libres dans leur pays, nous l'avons soutenu. Aujourd'hui, il faut dire la chose vraie: la politique française en Afrique reste une politique d'un autre âge, une politique de l'ère colonialiste, empêtrée dans les compromissions avec des dictateurs ou d'autres hommes de mauvaise compagnie. Il faut tourner la page.

L'Afrique a besoin de la France. La France a besoin de l'Afrique. L'heure est à une autre politique africaine: celle du respect, de la coopération, des échanges réciproquement bénéfiques. Les peuples d'Afrique, les progrès de la communication aidant, ont une vue désastreuse de la France. L'église Saint-Bernard de Paris défoncée à coups de hache pour déloger les sans-papiers au mois d'août dernier, les soldats français tirant à Bangui sont autant d'images et d'informations répandues sur l'ensemble du continent africain. L'impact est destructeur. Les stratèges nord-américains en ont tiré profit et développent, depuis des mois, une opération de 'conquête', dollars à l'appui.

La politique africaine de la France exige une réévaluation totale mettant fin aux schémas du passé. L'Afrique aspire au développement et à la modernité. Elle dispose de femmes et d'hommes capables de conduire les différents pays sur des voies nouvelles. Il convient de l'entendre et de l'accompagner.