Celui qui joue le rôle du père de Régal dans l'Auberge du salut a quitté la scène le 11 mars 2005, à l'âge de 64 ans. MONSIEUR Sigo, c'est par ce nom que Adrien Gustave Anguilè Ndama, comédien dans le feuilleton culte l'Auberge du salut est connu des Gabonais. Il y incarne le rôle du père de Régal dont la relation avec Angélique, fille de Madame Veuve est contrariée par un pasteur trop zélé, et par l'oncle Didine. Une histoire qui finira bien, non sans quelques péripéties que Monsieur Sigo, en bon père, s'atèle à dénouer pour le bien des deux familles. Hélas, Monsieur Sigo vient de quitter la scène, à 64 ans. Dans le monde du cinéma gabonais, c'est la consternation. Le réalisateur Henri Joseph Koumba Bididi dit à son sujet : « Bien qu'il soit rentré tardivement dans le monde du cinéma, Anguilè Ndama ne l'aura pas moins marqué par les rôles de patriarche, de sage qu'il incarne et qu'il est en vérité dans la vie.» Charles Mensah, cinéaste et directeur général du Centre national du cinéma (Cenaci), initiateur du feuilleton culte gabonais, éprouve un sentiment analogue: « Je mettrai l'accent sur le côté grand frère, par son attitude sur un plateau de tournage. Il était toujours disponible pour régler les tensions et convaincre tout le monde à regarder dans la même direction, le principe d'achever une oeuvre commencée. En tant que comédien, il a tenu honorablement les rôles qu'on lui demandait d'interpréter. Pour certains, il était réellement le père, mais surtout il appartenait à toutes les générations.» . Adrien Gustave Anguilè Ndama jouait des seconds rôles, mais primordiaux dans le sens où ceux-ci aident les premiers rôles ou vedettes à se mettre en valeur. La prestation fournie est par conséquent soutenue et de rigueur. TALENTS MULTIPLES. Les téléspectateurs ne s'y sont pas trompés. Viviane Biviga, sa compagne dans l'Auberge du salut, avoue : « Mon premier sentiment est celui d'une grande tristesse, d'une grande désolation. Il m'est difficile de réaliser que Monsieur Sigo n'est plus. Sa mort disloque la petite famille de l'Auberge du salut. Nous ne sommes pas des professionnels, mais nous nous sommes tellement investis dans nos personnages que cela est devenu réel pour beaucoup de gens, ils nous croient mariés, que égal est notre fils. C'est une perte immense. » Anguilè Ndama que la publicité introduit dans le cinéma a également joué dans deux longs métrages gabonais, devenus aujourd'hui des classiques africains. D'abord en tant que médecin dans Dôlè de Imunga Ivanga, puis notable dans les couilles de l'éléphant de Henri Joseph Koumba Bididi. Cet artiste aux multiples talents naît le 27 février 1941. Très tôt, il montre des dons pour la musique, puisqu'il jouera dans l'orchestre "Okolongo " de Jean Diouf. Leurs prestations au Pied de la Butte, du Cercle des métis de 1959 à 1963 furent remarquées. On y retrouvait déjà Claude Damas Ozimo, Stanislas Soungani Ndama, Blaise Soungani, etc. Quand en 1966 naît l'orchestre "Les Sphinx." guise scinde en deux entités, la seconde, appelée "Les Mini Sphinx" introduit des jeunes, talents qu'étaient Max Lukumu, A1oTi,Martin Rompavet et Anguilè Ndama. Une grande famille est constituée. Anguilè Ndama y participe en gui que percussionniste amoureux de sonorités cubaines. Dans la vie professionnelle, Anguilè Ndama commence par travailler à la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), puis il démissionne pour intégrer la société IVIobil Oil Gabon. Cela lui vaut, en 1972, une affectation à Port-Gentil, où il entraîne, à la demande de Sipamio Berrre Emmanuel, le club de football de la Société équatoriale de raffinage (SER), l'ancêtre du club Sogara. ANNEES FOOT ? Il faut relever que Anguilè Ndama suit en 1970 un premier stage de responsable de formation d'encadreur de football. Un stage coordonné par MM. Lucien Jasson, Gauthier, Jules Onwanlélé et Colona, l'ancien gardien de but du club Reims. Il passe le premier, puis le second de degré est amis au troisième degré. Il ne le fera pas pour des raisons professionnelles, alors que ce stage était très important, car interafricain. Y ont participe le Sénégal, la Côte d'Ivoire, la Haute Volta (actuel Burkina Faso), le Congo-Brazzaville, etc. D'autres Gabonais tels Claude Spérandiézi et un certain Boniface Assélé sont de la partie. Dès 1962, Anguilé Ndama Adrien entraîne le mythique club de Monaco qui devient, après 1968, Orambka. Cette équipe remporte un championnat et une coupe du Gabon. Parmi les faits d'armes de Monaco, il y a aussi le nul face, à l'Oryx de Douala de l'illustre Mbappe Lépé. Anguilè Ndama ne fait plus partie de ce staff, mais il a semé les graines. Il conduit la sélection l'Estuaire à la victoire lors de la Coupe du Gabon de 1969 qui se joue à Oyem. L'Estuaire viendra à bout de la Ngounié, après prolongation sur le score de 4buts à 3. Aux côtés de Claude Spérandiézi et de Loanga Baratte, il dirigera la sélection nationale de 1971 à 1973. Anguilè Ndama demeure près du milieu sportif, puisqu'il pratiquera le tennis de façon régulière. Il est une autre facette de cet homme. C'est sa connaissance de la tradition et des plantes, héritée à la fois de son Père et de sa mère, qui lui permet de s'impliquer en tant que tradipraticien dans la vie de la société. Sa connaissance de la tradition et du sacré lui confère le statut d'Okambi, c'est-à-dire d'orateur dans le règlement de «la palabre communautaire». Un rôle qui lui revient naturellement dans le cinéma qui achève de le consacrer. Un homme unique et polyvalent ayant su intégrer aux valeurs de la modernité celles de la tradition et faire montre d'une grande spiritualité. Adrien Gustave Anguilè Ndama, affectueusement appelé Tonton Tom, s'est éteint le 11 mars de l'an 2005. Adieu l'artiste, la scène gabonaise ressentira le vide de ton absence. Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent laisser un commentaire. SVP, connectez vous ou enregistrez vous.
|