Publié le 23 novembre 2005.
L'élection des 25 et 27 novembre prochains au Gabon a été préfabriquée dès le départ. L'abstention en sera le résultat. Ceci parce que personne au Gabon n'est dupe. Les électeurs gabonais s'apprêtent à voter massivement avec les pieds dans ce qui sera la plus grosse abstention électorale de l'histoire du Gabon. Comment peut-il en être autrement vu que les Gabonais ne font plus confiance aux institutions fabriquées par Omar Bongo depuis 1993 pour consolider sa dictature? Quand le vote citoyen ne compte plus, l'envie de voter se perd et l'on aboutit à une désaffection généralisée des populations qui, aujourd'hui, ne croient plus au changement par les urnes.
Alors devant l'abstention massive prévisible des Gabonais, Omar Bongo préfabrique le vote. D'abord par les chiffres tronqués du fameux recensement de 2003 livrés en mars dernier , chiffres qui furent préfabriqués. La population gabonaise, que le Ministère du plan avait initialement établie à 1.269.732 habitants, ce qui était conforme aux prévisions de 1,3 million de l'OMS, de la Banque mondiale et du FMI, fut, sur ordre du régime Bongo, arbitrairement revue à la hausse par la Cour constitutionnelle, qui fixa la population gabonaise à 1.520.911 habitants, soit une exponentielle augmentation de 50% de la population gabonaise. Un vrai miracle accompli par les mains prestidigitatrices d'Omar Bongo le magicien, en prévision des tripatouillages électoraux des 25 et 27 novembre 2005. Ensuite par le nombre d'électeurs supposés s'être inscrits sur les listes électorales. Pour ceux qui ont observé attentivement les opérations d'inscription sur les listes cette année, un simple fait s'était dégagé depuis le début des opérations : les Gabonais ne se sont pas rués pour se faire inscrire sur ces fameuses listes entre le 1er janvier et le 31 mars. Le 24 février déjà, près de deux mois après le lancement de la première phase des opérations, l'on notait déjà de graves manquements à la procédure, et pratiquement pas d'inscriptions de la part des populations (voir cet article de l'Union : http://www.bdpgabon.org/content/view/647/9/). Le 16 mars, juste deux semaines avant la clôture des opérations, l'Union mentionnait encore des insuffisances qui ne laissaient rien augurer de bon par rapport à la participation des Gabonais (voir cet article : http://www.bdpgabon.org/content/view/658/9/). La tendance abstentionniste avait ainsi continué jusqu'au dernier jour des opérations d'inscription, mais comme à son habitude, le régime Bongo choisit, encore une fois, de préfabriquer les inscriptions en faisant publier par l'Union le 1er avril 2005 un article qui décrivait faussement un engouement de dernière minute. L'Union prétendait observer partout au Gabon, un engouement de dernière minute qui, selon lui, faisait se terminer les opérations "sur une note positive au regard de la forte mobilisation enregistrée au cours de ces dernières semaines" (voir l'article : http://www.bdpgabon.org/content/view/665/9/). Bizarrement, l'Union avait oublié de dire que deux semaines avant, il publiait des articles qui faisaient état du manque d'engouement des Gabonais. Et comme pour clouer l'Union, l'AGP (Agence Gabonaise de Presse) publiait le 2 juillet 2005 une dépêche qui semblait totalement contredire les conclusions de l'Union, affirmant plutôt que la première phase des inscriptions sur les listes électorales du 1er janvier au 31 mars avait fait l'objet d'une abstention record : "Cette première phase avait connu un fort taux d'abstention des populations qui refusaient d'aller se faire inscrire sur les listes électorales, estimant qu'elles ne trouvaient pas leur compte à l'issue des différentes élections organisées au pays où les résultats ne reflètent pas leur volonté" (voir larticle : http://www.bdpgabon.org/content/view/1933/9/). Mais ce n'est pas tout. La deuxième phase d'inscription sur les listes électorales (une phase de vérification des inscriptions beaucoup plus qu'une phase d'inscription à proprement parler, hormis quelques cas particuliers) qui se déroulait du 4 au 25 juillet 2005 connut elle aussi un sort similaire à la première phase, c'est-à-dire une abstention record, au point que l'Union, le 8 juillet, dut, pour une fois, avouer la vérité en dévoilant que les inscriptions se faisant au "compte-goutte", tout en s'emmêlant les pédales dans les contradictions habituelles, qui traduisent souvent la peur des journalistes de dire des choses qui pourraient irriter les autorités (voir l'article : http://www.bdpgabon.org/content/view/1971/9/). Il fallut ensuite attendre plus de deux mois, du 25 juillet au 11 octobre 2005 pour que le ministère de l'intérieur gabonais annonce enfin le chiffre des électeurs inscrits : 560.000 électeurs inscrits !! Encore un miracle concocté dans la potion magique d'Omar Bongo. D'abord parce que 560.000 électeurs inscrits sont impossibles dans le cadre du peu d'engouement observé lors des inscriptions ; ensuite parce que 560.000 électeurs sur une population gabonaise totale en âge de voter n'a pas de sens sociologiquement. Sur une population totale réelle de 1,3 millions d'habitants sur la base des prévisions de l'OMS, il faut compter au moins 400.000 étrangers. C'est dire qu'une fois que l'on retire les étrangers de ce nombre, la population gabonaise à proprement parler se réduit à 900.000 à peu près. Or, vu que cette population n'est pas en âge de voter dans son entièreté, et que de nombreux paysans n'ont ni le temps ni les moyens d'aller s'inscrire sur les listes électorales, on s'aperçoit alors de l'énormité du chiffre de 560.000 électeurs avancé par le Ministère de l'intérieur. C'est pratiquement comme si 100% des gabonais capables de s'inscrire sur les listes électorales avaient fait le déplacement. Ce qui serait impossible. La vérité, elle, se lit autrement. D'abord, il faut voir dans les déclarations d'appel au vote d'Omar Bongo du 22 novembre en cours un signe de désespoir (voir cet article : http://www.bdpgabon.org/content/view/2597/9/). En effet, le fait que seulement 2 jours avant le vote des militaires et 4 jours avant le vote populaire, Omar Bongo appelle encore ses partisans à aller retirer leurs cartes d'électeurs est un signe qui montre que 1) les Gabonais n'ont pas retiré leurs cartes d'électeurs à temps pour l'élection, et 2) beaucoup d'entre eux ne se sont même pas inscrits ou signalés. La preuve de l'impréparation est d'ailleurs palpable vu que ce n'est que le 6 novembre, c'est-à-dire juste 21 jours avant le scrutin populaire du 27 novembre que la CNE a commencé à distribuer les supposées cartes d'électeurs aux Gabonais. Aujourd'hui même, l'agence de presse Gabon News a rendu public la nouvelle selon laquelle plus de la moitié des électeurs à Port-Gentil ne sont pas encore allé retirer leurs cartes d'électeurs, et ceci seulement 4 jours avant le vote populaire (voir l'article). Et c'est pareil dans tout le pays où les électeurs inscrits ne seront jamais, dans leur grande majorité, allés retirer leurs cartes, tandis que d'autres en seront totalement incapables. Or, dans un pays sans réseau routier efficace et sans systèmes de communication sophistiqués, on se demande comment le gouvernement Bongo compte distribuer 560.000 cartes d'électeurs en 21 jours seulement à tous les Gabonais supposés inscrits ? A moins donc, de tout simplement préfabriqur les votes ? Pire, dans la diaspora, le boycottage des élections par les Gabonais expatriés ou étudiants se fait cruellement ressentir au niveau des ambassades et consulats, où personne ne semble s'être inscrit sur les listes électorales. La preuve : 1) Une des filles d'Omar Bongo (Karine Bongo) serait en ce moment même en train de collecter des voix dans tout le sud-ouest de la France jusqu'à Limoges, moyennant une enveloppe d'argent (on dit 200 Euros par tête), pour forcer les Gabonais à s'inscrire et donner leur engagement qu'ils voteront Bongo ; elle commanderait même à ses proches (ses moutons) de demander ou de subtiliser le nom, le numéro de passeport et l'adresse de leurs amis, amies, cousins, cousines, etc., pour les faire figurer sur listes des votants qui ne seraient pas encore, à ce jour, comme le demande la loi, closes au niveau des ambassades et des consulats. Cette fille de Bongo habite actuellement à Bordeaux, Rue du Dr. Albert Barro, un appartement qui se situe, comme par hasard à l'endroit où la Consule honoraire du Gabon (une française) avait son ancien cabinet d'avocat. C'est d'ailleurs chez elle (dans ses nouveaux locaux, Rue Esprit des Lois) que le simulacre d'élections se tiendra. A bordeaux donc, vote préfabriqué. 2) Les inscriptions continuent toujours sur les listes électorales des Ambassades du Gabon et des consulats, au mépris de la loi, alors que l'élection a lieu dans deux jours pour les militaires et 4 jours pour la population. 3) Un document d'inscription (Cliquez ici pour voir le document) est actuellement en train d'être circulé partout en France par les membres du PDG et le personnel des ambassades et consulats. En plus, vu qu'il n'y a aucune vérification réelle d'adresse et d'identité, n'importe qui peut remplir ces documents avec un faux nom et un faux numéro de passeport, même les étrangers. 4) L'élection a lieu dans quelques jours, mais les Gabonais de France ne savent pas encore où ils vont voter ou s'ils sont inscrits sur les listes toujours pas publiées. 5) Il y a quelques mois, le ministère de l'intérieur avait envoyé quelques agents pour établir des listes en allant à la rencontre des Gabonais. Ce travail n'avait pas été fait correctement et les quelques rares personnes qu'ils ont inscrites sur les listes n'ont pas toujours reçu leur carte d'électeur. Comme toujours, l'argent du contribuable a été dépensé sans résultat avec des agents venus faire du tourisme en France. 6) Le personnel des ambassades gabonaises en Suisse, en France, au Canada et un peu partout ne cesse de harasser les Gabonais de coups de fil à leur domicile pour leur demander au téléphone leurs numéros de passeport ou leur proposer de leur envoyer des formulaires d'inscription (Cliquez ici pour voir le document) pour qu'ils puissent aller voter. Parfois, même quand les personnes contactées ne sont plus gabonaises, on leur propose quand-même d'aller voter tout simplement parce qu'ils ont un nom gabonais. 7) En Espagne par exemple, la Chancellerie gabonaise auprès du Royaume espagnol distribuerait pêle-mêle de l'argent aux Gabonais pour les forcer à s'inscrire, proposant même à certains de voter au téléphone ou par simple note envoyée à la Chancellerie. 8) Au Canada comme aux Etats-Unis, les représentants de l'opposition n'ont même pas accès à la documentation électorale et personne jusqu'à ce jour ne sait où se trouvent les différents bureaux de vote. 9) A une époque où le monde vit au rythme de l'Internet, il n'y au ni au Gabon ni dans les ambassades de sites Internet officiels ou de documents où il ait été fourni l'intégralité des bureaux de vote et leur adresse pour permettre aux Gabonais de se diriger. Tous ces manèges n'indiquent qu'une chose : - L'élection n'a jamais été bien préparée : au Gabon comme dans la diaspora, c'est le désordre total car aucun suivi réel des électeurs n'a été fait, occupé que le pouvoir était de gonfler le nombre des électeurs par tous les moyens possibles ; - Cette élection ne repose sur rien de légal et traduit plutôt une illégalité organisée où le PDG, parti au pouvoir, s'est arrogé les services de l'état, asservissant ainsi l'état au profit d'un parti, celui d'Omar Bongo ; Bref, tout est fait pour que ce soient les chiffres préfabriqués du régime qui deviennent, après l'élection préfabriquée, la preuve de la victoire préfabriquée du dictateur préfabriqué du Gabon, Omar Bongo. Il est dommage que les leaders de l'opposition aient choisi de cautionner par leur participation cette mascarade électorale, à un moment même où le régime ne cesse d'accumuler brimade sur brimade, injustice sur injustice sur eux. Le boycott que recommandait le BDP-Gabon Nouveau était la seule solution de salut pour le Gabon car cette élection n'en vaut pas la peine. Ce qu'il fallait, c'est une stratégie de l'opposition unie capable de mener à l'immobilisation du pays afin d'empêcher l'élection et ainsi garantir une victoire de l'opposition une fois que les conditions de la transparence auraient été établies avant le vote. Aujourd'hui, la participation de l'opposition risque de faire un cadeau électoral inespéré au dictateur gabonais. Le BDP-Gabon Nouveau renouvelle son appel au boycott pur et simple avec actions visant à empêcher le vote par tous les moyens possibles. Source: BDP-Gabon Nouveau - http://www.bdpgabon.org.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent laisser un commentaire. SVP, connectez vous ou enregistrez vous.
|