Un leader de l'opposition gabonaise appelle � "un deuil
national"
LIBREVILLE, 19 d�c (AFP) - Le p�re Paul Mba Abessole, leader du principal parti
d'opposition gabonais, le Rassemblement national des b�cherons (RNB) a appel� samedi les
Gabonais � observer "un deuil national" enr�action � la r��lection d'Omar
Bongo. Candidat malheureux � l'�lection pr�sidentielle, le p�re Abessole qui est
�galement maire de
Libreville, a qualifi� le scrutin du 6 d�cembre de "mascarade �lectorale".
"Ce deuil national, � partir d'aujourd'hui et jusqu'� la fin du mois, se
manifestera par le port d'un brassard blanc au bras gauche", a propos� le p�re Paul
Mba Abessole, au cours d'un meeting qui a rassembl� plusieurs milliers de partisans dans
un quartier populaire de Libreville.
"Celui qui pr�tend �tre le pr�sident de la R�publique n'est qu'un imposteur,
le Gabon n'a pas de pr�sident actuellement", a poursuivi M. Abessole, qui n'a
recueilli que 13,16% des suffrages exprim�s contre 66,88% � M. Bongo. Le maire de
Libreville qui envisage un recours devant la Cour constitutionnelle pour faire annuler le
scrutin, a �galement lanc� un appel � "soutenir massivement les gr�ves des
fonctionnaires et leurs revendications l�gitimes". "Nous refusons tout
gouvernement d'union nationale, nous restons dans l'opposition et nous allons nous battre
avec d�termination pour lib�rer notre peuple", a poursuivi le p�re Abessole,
affirmant que "les Gabonais sont menac�s d'�tre r�duits � l'�tat de b�tes
sauvages". Deux autres candidats de l'opposition, Pierre Mamboudou du Haut conseil de
la r�sistance (HCR, coalition de cinq partis - 16,50% des voix), et Pierre-Claver
Maganga-Moussavou du Parti social-d�mocrate (PSD - 0,99%), ont �galement rejet�
vendredi soir l'appel lanc� mardi par le pr�sident Bongo qui se disait "pr�t �
dialoguer" avec l'opposition.
Dans un texte commun du HCR, du PSD et du RNB, les trois leaders exigent "six
pr�alables" au dialogue, dont principalement "l'annulation du scrutin du 6
d�cembre" sugg�rant qu'une nouvelle �lection devrait �tre organis�e sous le
contr�le de l'ONU. Le texte exige aussi, de la part du Premier ministre, du ministre de
l'Int�rieur, du pr�sident de la Commission nationale �lectorale, de la pr�sidente de
la Cour constitutionnelle et du directeur g�n�ral du CEDOC (service de renseignements),
d'"aveux publics" des fraudes qu'ils auraient commises.
Copyright 1998. AFP.
Le pr�sident r��lu Bongo se d�clare "pr�t �
dialoguer" avec l'opposition
LIBREVILLE, 15 d�c (AFP) - Le pr�sident gabonais Omar Bongo, r��lu le 6 d�cembre au
1er tour de l'�lection pr�sidentielle avec 66,88% des voix, a estim�, mardi soir, que
ce scrutin n'a fait "ni vainqueur ni vaincu" et s'est d�clar� "pr�t
� dialoguer" avec l'opposition. "Cette consultation n'a fait ni vainqueur ni
vaincu. Je suis dispos�, comme par le pass�, � engager avec vous et toute la classe
politique gabonaise une r�flexion plus approfondie sur l'avenir de notre pays", a
affirm� lors d'une allocution t�l�vis�e le nouveau pr�sident �lu pour sept ans.
"Je souhaite que les uns et les autres acceptent sans arri�re-pens�e cette demande
de dialogue et de concertation que
l'ensemble de notre peuple appelle de tous ses voeux", a poursuivi M. Bongo. Estimant
"qu'en d�pit de quelques insuffisances relev�es ici et l�, toutes les personnes de
bonne foi on pu attester de la transparence et de l'�quit� de ce scrutin", le
pr�sident Bongo a pr�cis� qu'il �tait "pr�t d�s maintenant � engager ces
�changes pour, qu'ensemble, nous trouvions les voies nouvelles pour un d�veloppement
plus �quilibr� de notre pays". "Il est plus que temps pour le Gabon de se
donner les moyens permettant � la d�mocratie de s'enraciner, d'�voluer sans heurt et de
mettre en place les techniques �lectorales qui am�neront les uns et les autres �
accepter le verdict des urnes", a-t-il ajout�, citant notamment la possibilit� de
rendre "permanente" la Commission nationale �lectorale (CNE).
Le nouveau pr�sident a d'autre part souhait� que "le pays se remette rapidement au
travail": "j'en appelle � votre maturit�,
a-t-il dit au lendemain d'une +journ�e ville morte+ organis�e sans grand succ�s par
l'opposition, pour que le calme, la s�r�nit�
et la compr�hension mutuelle r�gnent afin que solidaires et unis nous puissions
affronter les d�fis qui pointent � l'horizon,
notamment la crise �conomique". Pour M. Bongo, "le nouveau d�fi que nous
allons maintenant nous efforcer de mettre en place doit reposer sur une d�mocratie
consensuelle et participative". "Ce mod�le, a-t-il conclu, doit permettre �
chaque Gabonais de b�n�ficier de la libert� d'action garantie par un �tat de droit, de
voir s'am�liorer de mani�re sensible ses conditions de vie et de travail".
L'opposition gabonaise, rappelle-t-on, a, dans son ensemble, vivement protest� contre les
conditions de la r��lection du pr�sident sortant, au pouvoir depuis 31 ans, en
d�non�ant notamment "le coup d'Etat �lectoral". Plusieurs partis politiques
ont introduit un recours devant la Cour constitutionnelle pour demander l'annulation du
scrutin.
Copyright � 1998 Agence France-Presse.
La "journ�e ville morte" de l'opposition faiblement
suivie
par Jean-Pierre REJETE
LIBREVILLE, 14 d�c (AFP) - La "journ�e ville morte" d�cr�t�e lundi au Gabon
par des opposants pour protester contre l'�lection pr�sidentielle du 6 d�cembre, a
�t� faiblement suivie � Libreville, mais a plus mobilis� � Port Gentil, un des fiefs
de l'opposition, selon les informations recueillies par l'AFP. Le Haut conseil de la
r�sistance (HCR, coalition de cinq partis d'opposition), dont le candidat Pierre
Mamboundou �tait arriv� second � cette �lection avec 16,54% des voix, avait lanc�
samedi ce mot d'ordre avec d'autres petites formations politiques pour protester contre le
"coup d'Etat �lectoral" du candidat sortant Omar Bongo.
Ce dernier a �t� r��lu d�s le 1er tour avec 66,88% des suffrages, selon les
r�sultats proclam�s samedi par la Cour constitutionnelle "sous r�serve de
contentieux �lectoral". Dans la capitale gabonaise, plac�e sous haute surveillance
de l'arm�e, seule la circulation �tait plus fluide que d'habitude en raison de la
raret� des taxis. Nombre de chauffeurs, craignant d'�tre pris � partie par d'�ventuels
manifestants, avaient pr�f�r� laisser leur v�hicule en stationnement, malgr� les
consignes des forces de l'ordre de les obliger � circuler. Si plusieurs petits commerces,
tenus principalement par des Libanais et des Ouest-africains, sont rest�s ferm�s, la
plupart des administrations et des magasins du centre ville fonctionnaient
quasi-normalement � quelques jours des f�tes de No�l.
Quelques l�gers incidents ont toutefois �maill� la matin�e dans certains quartiers
acquis � l'opposition, des petits groupes de
jeunes jetant des pierres sur des v�hicules en circulation avant de se disperser
aussit�t, a-t-on appris de diverses sources. Dans la seconde ville du pays Port Gentil
(ouest), capitale de l'Ogoou� maritime o� Pierre Mamboundou �tait arriv� en t�te avec
48% devant Omar Bongo (41%), le mot d'ordre du HCR a �t� beaucoup plus suivi. De
nombreux commerces n'ont pas ouvert, les administrations ont fonctionn� au ralenti et la
circulation est rest�e faible tout au long de la journ�e, ont indiqu� des habitants de
la capitale p�troli�re joints par t�l�phone. Ceux-ci ont cependant pr�cis� que
"la situation est rest�e tr�s calme".
De son cot�, le pr�sident du HCR, interrog� par l'AFP, s'est f�licit� de la
"r�ussite" de son appel suivi, a-t-il affirm�, � 60% dans l'ensemble du pays
et � 100% � Port Gentil "o� l'activit� a �t� totalement paralys�e". Les
�tablissements primaires et secondaires du pays, ferm�s depuis le vendredi 4 d�cembre
en raison de la pr�sidentielle, sont rest�s ferm�s lundi. Mais, selon le minist�re de
l'Education, c'est pour permettre "la reprise des �quipes administratives"
avant leur r�ouverture mardi. Le gouvernement a quant � lui a d�nonc�, par la voix de
son porte-parole Andr� Mba Ombame, "l'attitude de M. Mamboundou
qui se met d�lib�remment dans l'ill�galit� en appelant les citoyens � poser des actes
pouvant entra�ner des d�sordres publics".
Le ministre de l'Int�rieur Antoine Mboumbou Miyakou avait pour sa part demand� lundi
matin � "l'ensemble des travailleurs
gabonais et aux divers commer�ants de consid�rer cette journ�e ouvrable" et
affirm� que "les forces de s�curit� veilleront et
assureront la s�curit� de tout le monde". "Les contrevenants seront
appr�hend�s et trait�s conform�ment � la loi", avait-il insist�. Si l'�chec de
cette "journ�e ville morte" semblait �vident lundi en fin d'apr�s-midi aux
yeux des observateurs, le candidat malheureux Pierre Mamboundou ne compte pas en rester
l�. Il a pr�venu que cette journ�e serait "la premi�re �tape d'une riposte
gradu�e au second coup d'Etat �lectoral perp�tr� par le PDG" (Parti d�mocratique
gabonais, au pouvoir).
En 1993, M. Bongo avait �t� �galement �lu avec 51% des voix lors d'un premier tour
dont les r�sultats avaient d�j� �t� contest�s par l'opposition, rappelle-t-on.
Copyright � 1998 Agence France-Presse.
Gabon
court proclaims Bongo winner, protest Monday
By Antoine Lawson (Reuters)
LIBREVILLE, Dec 13 - Gabon's constitutional court has proclaimed veteran President Omar
Bongo winner of a December 6 presidential election, subject to any formal protest that may
be lodged. But Bongo's main rival, Pierre Mamboundou, has accused the government of
massive fraud and has called a nationwide "stay-at-home" protest for Monday.
Constitutional Court President Marie-Madeleine Mborantsouo, ratified Bongo's first-round
victory on Saturday, crediting him with 66.88 percent of votes cast. She said that this
ruling was "subject to challenges lodged with the constitutional court".
Mamboundou, credited with 16.50 percent of votes cast, has made clear he plans to
challenge the result both politically and through the oil-producing Central African
nation's courts. "The multiple violations of the law, results programmed in advance,
the swelling of the electorate, lead us to demand the annulment, pure and simple, of a
poll which, when all is said and done, was organised to conceal massive and wide-ranging
fraud," he told a Saturday news conference. Mamboundou, 52 and leader of the Union of
the Gabonese People (UPG), was one of eight candidates who contested the election in the
former French colony. He stood for the High Council of the Resistance (HCR) alliance.
Veteran opposition leader Pierre M'Ba Abessole, who led a movement that forced Bongo to
embrace multi-party politics in 1990, finished third with 13.16 percent of votes.
Abessole's rival within the divided National Woodcutters Rally (RNB), Pierre-Andre
Kombila, won 1.53 percent of votes cast. The remainder won under one percent. Bongo, 63,
has been in power since 1967 when he took over after President Leon M'Ba died. He is black
Africa's second longest-serving head of state after Gnassingbe Eyadema of Togo. He won a
turbulent 1993 presidential poll. Denouncing Bongo's victory on December 6 as a
"second electoral coup d'etat" by the ruling Gabonese Democratic Party (PDG) and
its allies, Mamboundou called a stay-at-home, or "dead town" protest as it is
known locally, for Monday. "To achieve this, we ask shopkeepers and civil servants to
close shops and remain at home," he said, describing the protest as "the first
stage of a graduated response".
The Woodcutters, traditionally the main opposition, have yet to comment on the call.
Government officials denounced the move. "The government is astounded at the step
taken by the candidate Pierre Mamboundou who, on one hand, has decided to lodge a
complaint with the constitutional court, and, on the other, has called for acts that
threaten public order," the government spokesman
and minister in charge of relations with the institutions, Andre M'Ba Obame, said. Polling
was generally peaceful on December 6 and the capital Libreville has been calm since then
-- in contrast to 1993. Bongo's supporters dismiss widespread opposition cries of
fraud and say any problems were organisational.
Foreign observers have so far pointed to organisational problems but have stopped short
of putting the result in doubt. According to official figures, just under 54 percent of
the electorate voted.
Copyright � 1998 Reuters Limited.
Election pi�g�e au
Gabon
(L'Humanit�, 09 D�cembre 98)-Inscriptions pirates, cl�ture des listes avant la date
l�gale, Conseil constitutionnel aux ordres... Tout laisse craindre une fraude
institutionnalis�e. Avec une nouvelle fois la b�n�diction d'un r�seau �lys�en. Les
premiers r�sultats officieux diffus�s par les radios priv�es et nationale gabonaises
laissaient planer le doute sur une seule question: le pr�sident sortant Omar Bongo
sera-t-il ou non d�clar� r��lu d�s le premier tour de dimanche dernier? 'On' laissait
entendre que, dans plusieurs bureaux de deux des six arrondissements de la capitale (o�
sont enregistr�s pr�s de 40% des 595.000 �lecteurs inscrits dans le pays), il
atteindrait la barre des 60% de suffrages exprim�s. En fait, tout indique que d'aucuns se
pr�occupent de planter le d�cor pour une r��dition de la pantalonnade �lectorale de
1993, consultation qui s'�tait d�roul�e sous le signe d'une fraude telle qu'elle avait
�t� suivie de manifestations et d'une violente r�pression polici�re � Libreville.
Consid�r� comme l'un des principaux concurrents de Bongo, Pierre Manboudou, pr�sident
du HCR (Haut Conseil de la R�sistance, regroupant cinq partis d'opposition), avait par
avance d�nonc� la mascarade. Exemples tir�s de sa conf�rence de presse t�l�phonique
par satellite organis� le 1er d�cembre depuis Libreville (la sortie du pays ayant �t�
interdite aux personnalit�s de l'opposition, tandis que l'entr�e se voyait refus�e aux
�trangers jug�s personna non grata).
'La loi �lectorale dit que les listes doivent �tre closes seulement un mois avant le
scrutin. Mais ces listes ont �t� closes avant le d�lai pr�vu', informait Pierre
Manboudou, signalant �galement que 'l'administration et, surtout, les dignitaires du
pouvoir ont mis en place un r�seau d'inscriptions pirates. Quelqu'un qui vient avec des
photos se verra �tablir douze cartes d'�lecteurs avec douze noms diff�rents. Une
gigantesque fraude organis�e par un certain nombre de dignitaires du pouvoir, dont le
directeur national de campagne du candidat Omar Bongo, qui est ministre d'Etat.' Une
question sans r�ponse: 'La progression arithm�tique de la population est de l'ordre de
2,5% par an, ce qui nous a amen�s de 502.000 � 503.000 �lecteurs pour l'ann�e 1998. Le
minist�re de l'Int�rieur affiche 595.000 �lecteurs, soit 92.000 �lecteurs de plus.'
D'o� sortent-ils?
En th�orie, le dernier mot reviendra � la Cour constitutionnelle pour garantir la
transparence du r�sultat, mais, observe Pierre Manboudou, 'les relations personnelles de
la pr�sidente de la Cour constitutionnelle avec le pouvoir font qu'on ne peut pas
esp�rer un contentieux �lectoral qui soit r�gl� en toute justice. Nous avons observ�
que des conseillers � la Cour constitutionnelle sont dans la caravane du candidat Omar
Bongo et font campagne pour Omar Bongo! Je dois dire: font campagne ostensiblement (...).
Les conseillers sont en collusion parfaite avec le pouvoir.'
De son c�t�, le journal 'le Monde' en date d'aujourd'hui souligne que des magistrats et
avocats fran�ais charg�s de surveiller le bon d�roulement du scrutin agiraient en
liaison �troite avec la pr�sidence gabonaise. Leur d�placement aurait �t� coordonn�
par l'avocat parisien Robert Bourgi, conseiller officieux de l'Elys�e pour les affaires
africaines et d�l�gu� national aupr�s de Jacques Toubon charg� de l'animation des
antennes africaines du Club 89. Citons � nouveau Pierre Manboudou: 'Je voudrais attirer
l'attention des autorit�s fran�aises: la France, dans ce pays, est premier fournisseur
et premier client. Nous ne voulons pas de l'op�ration pompiers, qui consiste � venir
�teindre le feu; nous avons r�guli�rement attir� l'attention sur le fait qu'il vaut
mieux ne pas d�clencher le feu'...
JEAN CHATAIN.
Gabon : des r�seaux �lys�ens au
secours d'Omar Bongo (Le Monde, 9 d�cembre 1998)
Selon une enqu�te du Monde, les observateurs
charg�s de surveiller le bon d�roulement des �lections pr�sidentielles qui ont eu lieu
dimanche 6 d�cembre au Gabon ne pr�sentaient pas toutes les garanties d'impartalit�.
Plusieurs d'entre eux, regroup�s au sein de l'association internationale pour la
d�mocratie (AID) pr�sid�e par le magistrat fran�ais Georges Fenech, par ailleurs
pr�sident de l'association professionnelle des magistrats (APM), ont effectu� leur
mission en liaison �troite avec la pr�sidence du Gabon. L'avocat parisien Robert Bourgi,
conseiller officieux de l'Elys�e pour les affaires africaines et d�l�gu� national
aupr�s de Jacques Toubon charg� de l'animation des antennes africaines du Club 89, avait
organis� le d�placement de ces observateurs, parmi lesquels plusieurs magistrats de
l'APM et Me Francis Spizner.
Droits de reproduction et de diffusion
r�serv�s; � Le Monde 1998
Les autorit�s gabonaises ont
financ� les observateurs �lectoraux
LIBREVILLE de notre envoy� sp�cial Thomas
Sotinel (Le Monde du 9 d�cembre 1998)
En 1993, lors de la premi�re �lection
pluraliste qu'ait connue le Gabon, Omar Bongo avait �t� �lu de justesse au premier
tour, avec 50,03 % des suffrages. Cette victoire peu transparente et � l'arrach�
manquait de l�gitimit�. Au point qu'il avait fallu plusieurs jours d'�meutes et un an
de n�gociations pour que le Gabon retrouve un semblant de paix civile. Pour la
pr�sidentielle du dimanche 6 d�cembre, le pr�sident Bongo, depuis trente et un ans au
pouvoir, n'a rien laiss� au hasard. Ni sa victoire, ni sa l�gitimit�. Lors des
pr�c�dents scrutins – les �lections locales et l�gislatives de 1996 –, la
confection des listes �lectorales avait �t� confi�e � la Commission nationale
�lectorale, un organisme o� sont repr�sent�es majorit� et opposition. Cette fois,
c'est le minist�re de l'int�rieur qui s'est charg� de cette t�che. Avec des r�sultats
spectaculaires en un an, le corps �lectoral a gagn� 100 000 membres, passant � 595 000,
un chiffre �lev� pour un pays qui ne compte pas plus d'un million de nationaux.
A l'inflation du nombre d'�lecteurs a
correspondu celle des bureaux de vote, install�s parfois tr�s loin des quartiers qu'ils
�taient cens�s desservir. Du coup, au soir de la pr�sidentielle, on comptait parfois
quatre votants – les membres du bureau – sur 500 inscrits. Ces anomalies ont
fait grimper un taux d'abstension de toute fa�on particuli�rement �lev�. Avant m�me
le scrutin, le d�couragement des partisans de l'opposition �tait visible, provoqu�
aussi bien par la jungle administrative entourant la pr�paration du vote que par
l'intensit� de la campagne du pr�sident-candidat. Celui-ci a d�pens� des milliards de
francs CFA (un FCFA vaut un centime) pour effectuer, en h�licopt�re, le tour du pays. Il
a en outre dispos� d'un net avantage dans les m�dias. D�s le mois d'octobre, le
d�s�quilibre �tait assez important pour qu'une organisation am�ricaine, la Fondation
internationale pour les syst�mes �lectoraux, avertisse que la sinc�rit� du scrutin
serait remise en cause si des mesures �nergiques n'�taient pas prises. Dans la foul�e,
la fondation Carter, qui devait envoyer des observateurs au Gabon le 6 d�cembre, se
d�sistait.
"IMPERFECTIONS"
Mais le r�gime gabonais avait besoin
d'observateurs pour �viter les remises en cause qui ont suivi l'�lection de 1993. Il en
a donc trouv� environ 200. A quelques exceptions pr�s (dont un groupe togolais
subventionn� par les Etats-Unis), ces organisations ont �t� prises en charge par l'Etat
gabonais. La principale d'entre elles est le Gerddes Afrique (Groupe d'�tudes et de
recherches sur la d�mocratie et le d�veloppement �conomique et social) dirig� par
l'avocat b�ninois Alao Sadikou Ayo. Lundi 7 d�cembre, le Gerddes, qui coordonnait la
quasi totalit� des observateurs, a estim� que les � imperfections � recens�es �
n'avaient pas entach� le scrutin �. Effectivement, les op�rations de vote semblent
avoir eu lieu dans le calme.
Mais les observateurs, dont certains, comme ceux
de l'Association internationale pour la d�mocratie (AID), au cours de leur s�jour de
trois jours au Gabon, circulaient dans des v�hicules immatricul�s � la pr�sidence de
la R�publique, n'ont bizarrement pas eu de � chance � aucun d'entre eux n'a vu de tr�s
jeunes gens votant avec des passeports flambant neufs pourtant �mis en 1996 et d�pourvus
de tout visa. Selon M S,e Alao, cette affaire est du ressort de la justice. Quant �
l'appartenance, qui n'est pas sans surprendre, de la pr�sidence du Gerddes Gabon aux
instances dirigeantes de l'ancien parti unique, le Parti d�mocratique gabonais (PDG), il
estime qu'elle � n'a rien � voir avec l'observation �. A Libreville, on attend toujours
les r�sultats. Les commissions �lectorales totalisent les votes, loin des regards des
observateurs, dont beaucoup ont d�j� quitt� le Gabon.
|