Quoi ! Les tourments des « collabos », et oui, c’est le titre d’un article du journal gouvernemental l’union pour qualifier Mamboundou et Myboto. Ces deux leaders de “l’opposition” ont signé des accords avec le pouvoir pour gérer ensemble les grandes villes du Gabon (Libreville et Port Gentil).
Il faut dire qu’avant les élections locales, certains initiés de la politique gabonaise avaient déjà vu venir ces alliances. C’est ainsi que Jeune Afrique du mois de mars 2008 consacrait un article au Gabon intitulé Gabon : recherche opposition désespérément. Cet article relayait le mécontentement de certains membres de l’UPG qui reprochaient au chef de file de l’UPG d’opérer un rapprochement avec Omar Bongo. Eh oui, trop de visites de Mamboundou au palais du bord de mer. De même le BDP, dans un article intitulé Gabon : Mamboundou chez bongo ondimba, Touchez pas à mon pote Omar, s’interrogeait sur le changement de ton chez Mamboundou, soudain passé du statut de censeur de Bongo à celui de protecteur d’Omar. Il s’agissait de dénoncer également les visites de Mamboundou chez Bongo ainsi que ses déclarations ambiguës sur le document diffusé par France 2 sur les biens immobiliers mal acquis de Bongo en France. En réaction à ce documentaire, Mamboundou défendit Omar Bongo, allant jusqu’à appeler ce documentaire « cabale organisée contre le président de la république Omar Bongo». Ce document de France 2 ne faisait que révéler des faits pourtant connus de tous les Gabonais!
Après cet article éloquent et salé, l’UPG à travers son représentant et porte-prole personnel Jean Félix Mouloungui, accusa le BDP de vouloir “la mort” de Pierre Mamboundou. Eh oui, alors que le BDP ne faisait qu’analyser les faits, rien que les faits. Et aujourd’hui, les élections locales étant passées par là, tout semble montrer que le BDP avait eu raison trop tôt car ce rapprochement entre Mamboundou et Bongo que dénonçait le BDP avant les élections locales est aujourd’hui réel. Il est matérialisé par ces accords contre nature signés entre Bongo, Myboto et Mamboundou.
Si hier certains se posaient la question de savoir à quoi servent les rencontres entre Mamboundou et Bongo, rencontres dont personne ne connaissait l’ordre du jour, ils ont aujourd’hui une première réponse : les accords de la honte du « bord de mer ». Aller aux élections locales en se disant opposant, en dénonçant la mauvaise gestion du Gabon par l’état PDG et ensuite, sitôt les élections terminées, on va signer les accords avec le PDG, c’est cyniquement et insidieusement bien fait pour tromper les électeurs. Et comme si ça ne suffisait pas, on a vu l’UPG organiser une grande conférence de presse « fantoche » pour dénoncer la fraude organisée par le PDG aux élections locale. Quelle comédie !!!
On dénonce les élections truquées par le PDG et le lendemain, on signe des accords avec ce parti pour gérer les villes ensemble. Eh oui, tout le monde aura compris que tout ceci est une grosse comédie où les uns et les autres se partagent les rôles. Pauvre Gabon!
Et depuis lors, aucune déclaration du bureau national de l’UPG. C’est le silence absolu. Ah oui, autant pour moi, il y a eu une déclaration, celle du numéro 1 de l’UPG dans la province de l’Ogooué Maritime. Il s’agit de monsieur André Moukagni. Il justifiait ces accords par « L’attitude non favorable que le chef des bâtisseurs affichait vis-à-vis du leader de l’UPG à chaque fois qu’il sollicitait de le rencontrer. Sa mauvaise gestion des ressources humaines et son manque de respect pour les autres n’ont pas permis à l’UPG de se rallier à lui ». Ah bon ! c’est ça la raison ? C’est pour cette raison que Mamboundou est parti voir Bongo et signer ces accords au bord de mer?
Non, non et non : ne trompons plus le peuple et admettons une chose simple. C’est la danse des vampires. Ces vils qui ont décidé ensemble de spolier entièrement le Gabon en suçant le sang de ses citoyens.
D’après l’étymologie du terme opposant (personne hostile, qui s’oppose à un programme politique, à un gouvernement), peut-on continuer d’appeler Pierre Mamboundou opposant ? ou UPG parti de l’opposition ? Mamboundou, dans le passé, a toujours refusé que le PGP de Ndaot assiste aux réunions de l’opposition. La raison évoquée par Mamboundou était que le PGP de Ndaot avait signé les accords avec le PDG pour diriger la ville de Port-Gentil. Mamboundou considérait donc à juste titre que le PGP de Ndaot faisait partie de la majorité présidentielle et non de l’opposition. Et aujourd’hui, la même question est posée à l’UPG de Mamboundou. Voilà un parti politique de l’opposition qui va chercher la feuille de route des locales à la présidence de la république, chez l’autre, le dictateur Bongo que Mamboundou combat par ailleurs, allez-y comprendre quelque chose !
En tous les cas, certains groupes politiques comme le FRAP ont demandé à l’UPG de clarifier son positionnement politique et de se déclarer parti politique de la majorité présidentielle vu que de toute évidence le titre de parti de l’opposition ne peut plus convenablement décrire l’UPG.
Et comme la nature a horreur du vide, ce sont maintenant les ONG qui jouent le rôle de l’opposition au Gabon : ils dénoncent la vie cher, l’état des routes, l’exploitation de Belinga, l’exploitation des forêts gabonaises, les accords signés entre le Gabon et les Chinois. Et comme il fallait s’y attendre, les leaders de ces ONG sont menacés (coup de fils anonymes, pressions de toutes sortes, des bureaux cambriolés, des interdictions de sortie du territoire…). Eh oui, au pays de Bongo, il ne fait pas bon de dénoncer la corruption et tous les dossiers sombres. Marc Ona Essangui a donc été interdit de sortir du territoire. Raison invoquée par Mba Obame (l’autre succube du régime) : « Marc Ona Essangui doit clarifier ce dont il parle car il a beaucoup de casquettes ». C’est donc à lui Mba Obame le grand maître du Gabon, l’autre vampire, de recevoir Marc Ona Essangui et de déterminer qui fait quoi, qui est qui, qui peut faire quoi et qui peut dire quoi sous quel nombre de casquettes!!
O parabole du seigneur! Au début du commencement du Gabon, il y avait Bongo, et Bongo créa Mba Obame afin qu’il déterminât pour les Gabonais ce qu’ils peuvent faire, dire, penser et quel type d’air ils peuvent respirer. Demain, Mba Obame déterminera sans doute quand vous pouvez coucher avec votre femme, quand vous pourrez rêver d’un Gabon meilleur et quand vous devrez vous jeter à la mer pour noyer dans la mort le désarroi né de ce vampirisme d’état à la gabonaise. Certains conseillers du ministère de l’intérieur proches de Mba Obame qui ont souhaité garder l’anonymat ont affirmé que la vraie raison de cette interdiction était la collaboration de Marc Ona Essangui avec les associations françaises qui luttent contre la Françafrique. En effet, le très bouillonnant et courageux Marc Ona Essangui avait assisté à la pose symbolique de scellés sur un hôtel particulier d’Omar Bongo à Paris. Après avoir visionné cette vidéo, aux dires de ces conseillers, le pouvoir avait donc pris la décision de ne plus laisser sortir Marc Ona Essangui du territoire. Si hier c’était devant les Français que Marc Ona a humilié Bongo, le régime voulait bien empêcher que cette humiliation ne continue aux Etats-Unis!
Le Gabon viole ainsi, une fois de plus, l’article13, alinéa 2, des droits de l’homme et du citoyen qui stipule que « toute personne a droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ». Rappelons qu’à l’issue du scrutin du 21 mai dernier, le Gabon avait obtenu un des quatre sièges africains au conseil des droits de l’homme de l’ONU. Des ONG américains et suisses (Freedom House et UN Watch) avaient d’ailleurs à cet effet reproché à cinq des pays en lice (Pakistan, Sri Lanka, Bahreïn, Zambie et Gabon) de présenter des bilans en matière des droits de l’homme auraient dû les disqualifier.
Enfin voilà, quoi. La danse des vampires façon Gabon continue. La machination que le BDP avait dénoncée lors de la fausse création de l’UGDD par Myboto comme parti de l’opposition à la veille des élections présidentielles de 2005 se confirme donc aujourd’hui avec le rapprochement PDG/UGDD/UPG/RPG/BUCHERONS, sans compter tous les autres partis parasitaires de la fameuse majorité bongoïste. L’étau de la dictature et du parti unique s’est presque entièrement refermé sur le Gabon. La conférence nationale est devenu un amer souvenir et Bongo s’est vautré à vie sur le trône gabonais désormais monarchisé à perpétuité. Que le peuple gabonais prenne donc acte car le changement au Gabon n’a plus qu’un seul visage: le visage ensanglanté d’une révolution tous azimuts. Gare aux ennemis du peuple car nombreux seront les grincements de dents au jour du jugement dernier.
Dr. Pauline N’Zame
12 Réponses à EDITO: Gabon: Bongo, Mamboundou et Myboto: Une danse des vampires faite de dérives et conspirations bien préparées