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Lettre ouverte au Président de la République française, Nicolas SARKOZY

Auteur/Source: · Date: 7 Fév 2009
Catégorie(s): Monde,Opinion

Monsieur le Président,

Je suis avec admiration vos débats et vos prises de position bien avant votre investiture à la tête de l’Etat français. Les paroles qui suivent ne sont en rien celles d’un flagorneur de plus dans votre sillon, mais celles d’un étudiant de 26 ans qui se reconnait de façon inouïe en vos valeurs et qui, peut- être, est tout aussi véhément que vous l’êtes. Je suis gabonais et je dois de suite avouer que votre soutien au tyran-cannibale « BONGO », Albert Bernard Bongo, Omar BONGO, ou encore Omar BONGO Ondimba qui menace, jusque y compris la France, en disant : « qui me montre du doigt, je le lui mords et je le lui coupe», n’est pas forcément très encourageant, ni en faveur de votre image. Rien qu’à travers cette récurrence dans sa volonté de changer d’identité ne voyez vous pas un mafieux la tête de l’un des Etats noirs aux potentialités qu’il a sues étouffer pendant 42 ans avec de l’argent et des tueries nocturnes ?

Cet homme aux appétits génocidaires est aussi horrible que l’était Mobutu, et vous vous permettez de le soutenir ! Cet ogre d’Etat viole les conventions et les droits de l’homme, plonge le pays dans une misère effroyable et inimaginable pour les non résidents, de même qu’il se sent plus fort que n’importe quel Président français ou d’un Etat voisin, qu’il considère comme des « temporaires », puisqu’il est très confiant de la sécularisation de son siège par chacun des présidents français passagers qu’il soudoie.

Vous êtes quelqu’un de droit et d’audacieux parce que vous ressentez vos paroles. Mais quelqu’un d’aussi pur ne devrait pas transiger avec les bourreaux, car vous êtes, peut- être que vous ne le savez pas, le genre d’homme qui a une mission terrestre à accomplir. Mon souhait est que vous fassiez comprendre à cet homme qu’il est temps qu’il se retire pacifiquement du pouvoir, au moins pour un minimum de scrupules et de bon sens et pour le bien du peuple. Le GABON, avec lui, ne vit toujours pas son troisième millénaire, veuillez ne pas laisser cette phase de l’histoire vous échapper et vous glisser entre vos doigts. Ni lui, ni aucun de ses ministres ayant au moins fait 10 ans au pouvoir ne devrait plus jamais se présenter aux élections de 2010. Le peuple se doit démocratiquement de choisir ses élus. Votre soutien à un tel ogre laisse penser que cela durera encore une éternité, que la France brille dans l’hypocrisie et la complicité des crimes des africains, et que votre regard vis- à- vis des Africains est resté celui de Bob Denard et de ses charcutiers d’Africains ; et que ce regard est en fait aussi cruel et viscéralement abominable que « le code noir ».
La constitution d’un Etat n’est pas un calepin personnel. Ni lui, ni aucun autre chef d’Etat africain ne devrait plus embrigader l’Etat et la population, de la façon dont il le fait.

Je sais que votre mission première est de veiller aux intérêts de la France, mais les intérêts de la France sont tout aussi conciliables avec la décence des gabonais, à moins que vous ne confirmiez votre indifférence vis-à-vis du peuple noir ou peut- être avez-vous aussi une vision bobdénardesque de l’Afrique, ou encore la vision de Léopold, roi de Belgique, des Africains.

Car, les jeunes Africains ont de grands rêves pour ce continent, des rêves réalisables avec la volonté, le travail et qui éviteraient à l’Europe de recevoir par milliers des Africains à la quête d’un Eldorado, sachant que la réalité est toute autre, voire exécrable. Vous le dites souvent vous-même : « nous n’avons pas de temps, soyons au rendez-vous de l’histoire », alors ne laissez pas cette phase de l’histoire vous échapper et en sachant aussi dire aux grands chênes qui sont derrière vous « l’humanisme d’abord, les affaires après et en toute légalité »; c’est dire que le mieux c’est en effet d’être plus humaniste qu’affairiste, et qu’il existe une éthique dans les affaires.
Ce faisant, vous conviendrez avec moi que le troisième millénaire, c’est aussi la fin des dictatures africaines, de l’investissement de grands projets et du développement durable pour l’Afrique, voire séculaire. Car il est possible de diriger autrement le Gabon, de le mettre dans le bain du siècle sans aucune entrave pour l’Occident ni le reste du monde et dans un souci de paix et d’épanouissement de son peuple. On ne peut soutenir l’insoutenable, si vous le faites, il y a sans doute de gros intérêts derrière à protéger, mais privilégier de tels intérêts devant la souffrance des autochtones commence à me faire douter de vous, car je reste convaincu que là n’est pas votre nature, agir comme vos prédécesseurs n’est pas votre droite ligne que vous vous êtes tracée. Mais c’est là une erreur politique et stratégique assez incongrue et historique, peut-être même une perte d’identité vous concernant. Il peut exister d’autres façons de négocier avec les Africains ; et non plus avec cette violence et cette haine cachées derrière des propos flatteurs, qui, en fait, rappellent une vision des Africains avec l’âme du « code noir », horrible et regrettable, si cette vision est en effet la vôtre. En 2010, il est impérieux que l’avenir du Gabon change, même pas avec l’équipe de ces ogres d’Etat qui sont prêts à tout vendre pour une certaine éternité.

L’Afrique ne s’apprête pas, elle est prête à se donner une orientation. Vous lui avez prêté votre langue, elle vous en remercie avec une reconnaissance incommensurable. Mais même le parrain sait qu’il viendra un jour où il devra accepter de façon définitive l’autonomie et l’orientation de son protégé, ou de son préposé. Ils pourront par la suite se donner conseil et s’aider mutuellement non plus avec une ascendance de l’un à l’égard de l’autre. Il est temps que la France le comprenne définitivement, il est en effet hypocrite comme le font souvent les grandes chaînes de télévision françaises, de déclarer « la mort d’un dictateur africain », sans révéler qu’ « il était soutenu par la France dans ses relations stratégiques et militaires pour violer les lois de son Etat et asservir son peuple», et sans révéler que l’armée française agit comme des terroristes dans ces Etats africains.

Le temps est venu pour que tout cela change, et il est logique que cela se comprenne par les tenants de la politique française et européenne, car en fait, en soutenant BONGO, vous vous faites ouvertement complice de la pauvreté et nous savons que ce sont les grands pétroliers , des hommes d’affaires comme BOLORE et BOUYGUES et leurs avocats tels que Me BOQUEL , Me BOURGI, etc. qui sont derrière vous et vous font pression pour que vous mainteniez en temps de paix l’armée française qui n’est en réalité à Libreville que pour soutenir le maléfique Bongo et son régime d’escrocs. Le Gabonais est un homme pacifique, mais si des jeunes comme moi prenons déjà le courage de dénoncer un tel soutien macabre et potentiellement meurtrier, c’est que la situation au Gabon est devenue très grave et les Gabonais plus qu’acculés et étouffés. Si vous, vous arrivez à divorcer au bout d’une dizaine d’années de mariage, imaginez un seul instant une trentaine, une quarantaine, une cinquantaine d’année environ!

Bongo a certes financé votre campagne présidentielle, mais vous pouvez lui rembourser, afin de garder votre honneur et votre conscience bien propre comme l’impression que vous avez dégagée dès le départ. Il faudrait en effet un changement de mentalité de part et d’autre. Il s’agit de la manière dont l’un voit et conçoit l’autre. Les relations commerciales, politiques et sociales pourront en suivre.

Cette lettre sera répétée maintes fois jusqu’à ce que réponse favorable me soit accordée et même publiée aux journaux français, étrangers et américains. Si vous et votre gouvernement continuez à ignorer le mal que vous faites subir hypocritement aux Gabonais et à l’Afrique francophone pendant presque un demi-siècle pour vos affaires et pour les intérêts de la France qui prennent déjà des tournures honteusement meurtrières. Il faut comprendre que plus de 70% des Gabonais sont dans une pauvreté effroyable. De même que plusieurs de mes amis et associations auront un exemplaire du présent courrier.

Pour le moment parce que je reste persuadé de votre bonne foi, et parce que j’ai toujours cru en vous, bien avant votre élection, de par votre véhémence et votre franc- parler, mais il demeure important de savoir recevoir la vérité, quand on passe sa vie à choquer les autres, il faut savoir la recevoir et se figurer que la vérité n’est qu’une partie de la réalité et qu’elle peut prendre les deux sens du vecteur. Mes amis et moi restons ouverts à toute discussion relative au bien- être des Gabonais. Ni les intérêts des avocats, ni ceux des hommes d’affaires ne devraient passer avant ceux des millions des personnes, à moins de confirmer en effet que vous êtes d’abord affairiste qu’humaniste et que ces avocats qui vous racontent que l’avenir de la France, c’est la misère des noirs d’Afrique et de toute l’Afrique. Si vous ne l’avez pas compris, l’avenir industriel de l’Afrique arrive avec des têtes et des cœurs, qui pour le moment, évitent tout mouvement de colère.

Mais je vous le dis à titre très personnel, je vous admire incommensurablement depuis mes 22 ans. Ne laissez pas cet amour se transformer en une haine farouche du fait de votre complicité à Bongo, s’il vous plaît.

Ci- jointe, une fresque écrite par mes soins en Août 2007 et qui vous est dédiée.

En espérant que vous restez quelqu’un de rationnel et que vous voulez réellement le changement, PROFONDE ADMIRATION.

NGUEMA N.
Etudiant à Paris Descartes


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