La dictature des Bongo sur le Gabon a depuis belle lurette montré que cette famille n’aime pas ce pays. Le combat des Gabonais doit donc plus que jamais s’articuler autour de la nécessité, coûte que coûte, de se débarrasser de cette véritable malédiction que constitue la dynastie désormais avérée des Bongo, une famille qui a pris en otage le Gabon et s’est mise dans la tête que seuls les Bongo ont le droit de diriger ce pays.
Le pire dans tout cela c’est que l’emprise des Bongo sur le régime est tel qu’il empêche même les enfants des membres du parti au pouvoir, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), de rêver un jour d’être président du Gabon tant qu’un Bongo est vivant. Ne parlons même pas de tous ces pédégistes positivistes qui pourraient faire avancer les choses mais dont la compétence est écrasée, rejetée et disqualifiée par les bongoïstes. A la différence des pédégistes, qui sont de simples Gabonais aux prises avec les mêmes problèmes de pauvreté extrême qui frappent près de 80% de la population, les bongoïstes sont ceux qui ont, dans l’opposition comme au sein du régime, vendu le Gabon aux Bongo.
Et voilà qu’Ali Bongo, plus arrogant que jamais, se permet de commencer déjà à pavaner son marmot en public devant caméras, laissant même le rejeton faire des discours politiques, comme si les vrais Gabonais qui aiment leur pays n’en avaient pas déjà assez de voir ces bouilles de Bongo ruiner chaque jour leurs écrans de télévision.
Lorsque j’avais inventé le mot “bongoïsme” il y a 12 ans aux fins de désigner la manière dont Omar Bongo avait perverti les mentalités au Gabon, détruit les valeurs fondamentales de la République et normalisé dans les us et coutumes de notre peuple les pires déviances animalières, jamais je ne m’étais imaginé que, comme coup de grâce, Omar Bongo laisserait le Gabon aux mains d’un incapable comme Ali Bongo. Ali Bongo fera forcément pire que son père car Omar Bongo ayant présidé aux années les plus fastes de la République, et échoué brillamment, il aura laissé à son fils un Gabon tellement malade que pour le soigner, il fallait un changement radical de régime. Autrement dit, notre pays avait besoin, pour se soigner, d’hommes et de femmes nouveaux qui soient capables de ré-imaginer le Gabon à partir de critères de gouvernance nouveaux.
Mais Ali Bongo, en choisissant d’hériter, puis de gouverner sur la base du même vieux régime aguerri aux mêmes vieilles méthodes de gouvernance qui ont fait la faillite du Gabon sous son père, a tout simplement entériné la continuité des pratiques mafieuses qui ont mené à cette faillite de 42 ans: fraudes électorales, corruption politique, despotisme, détournements, le tout sur fond d’incompétence. Pire, dans son fougueux désir de prouver aux Gabonais sa différence d’avec son père, Ali Bongo a multiplié les erreurs. Il n’a pas encore compris que ces “biafreries” qu’il présente aux Gabonais comme des réformes ne pourront mener à rien de concret tant que son règne reposera sur le système anti-démocratique légué par son père. Comme l’a récemment dit Barack Obama, vouloir séparer démocratie et développement est une futilité. Il n’y a tout simplement pas de développement sans démocratie car elle seule est garante de la bonne gouvernance par les mécanismes de contrôle et de transparence qu’elle met en place.
Ayant par ailleurs lui-même vécu toute sa vie sous les jupons de papa Bongo, Ali Bongo a été forgé au fer rouge du bongoïsme le plus ardu: sa jeunesse n’a pas suffi à le faire sortir du vieux monde dans lequel évoluait son père. Son engagement parmi les supposés “Rénovateurs” n’avait, en fait, aucun sens de ce “renouveau” que le qualificatif suggérait, c’est-à-dire la nécessité d’hommes nouveaux dans un système nouveau. Il y avait plutôt dans cette notion les relents d’une bataille fratricide interne entre “Caciques” et “Rénovateurs” visant non seulement à s’accaparer la plus grosse part du gâteau Gabon, mais également, une fois Omar Bongo mort, à prendre sa place et continuer à alimenter la mangeoire au bénéfice des plus fidèles serviteurs du bongoïsme le plus sauvage.
En d’autres termes, Ali Bongo ayant été, dans l’ombre, à l’école de “papa”, il ne peut gérer que selon les méthodes de “papa”. En cela, donc, il ne peut prétendre à aucune circonstance atténuante.
Il me paraît à ce niveau que Barack Obama, dans son discours anti-dictateurs du 3 au 5 août 2010 à l’endroit des jeunes leaders africains, a mentionné, justement, la formule par laquelle les dictateurs pèchent souvent. Non seulement a-t-il réfuté cette tendance à s’accrocher au pouvoir par tous les moyens possibles, même quand on ne faisait que végéter sans résultats comme le fit Omar Bongo pendant 42 ans, il a également donné une leçon fondamentale aux dictateurs: l’exercice du pouvoir ne se fait pas du sommet à la base, mais de la base au sommet.
Or, Ali Bongo, exactement comme son père le fit, dirige le Gabon du sommet, dicte tout du sommet et, donc, fausse tout du sommet. Il est donc en train de tout simplement reproduire les mêmes errances et les mêmes tares qui ont fait l’échec de son père. Aucun effet d’annonce ne pourra rien y changer car, comme je l’ai souvent dit, les mêmes causes mènent toujours aux mêmes effets. Omar Bongo avait pendant 42 ans dirigé tout du sommet, et c’est donc du sommet qu’il avait échoué, tout seul. Depuis près d’un an, Ali Bongo dirige le Gabon du sommet, croyant que c’est ainsi qu’un pays qui veut “émerger” se dirige. Tout ce qu’il a fait, sans le savoir, c’est immerger son “émergence” dans un échec que le fracas des annonces intempestives n’a pu, et ne pourra jamais, occulter. Et aucune dose de chasse aux sorcières sous couvert de “réforme” ne pourra cacher son incompétence, encore moins sa haine des vrais Gabonais qui, eux, aiment leur pays.
C’est qu’au “bongoïsme” de papa Omar se sont ajoutées les “biafreries” d’Ali. Seule différence entre le père et le fils: Papa Bongo sortait de son coma trois fois par an pour annoncer de grandes réformes mortes-nées: au 12 mars (fête de sa Rénovation immergée), au 17 août, puis au nouvel an. Ali Bongo quant à lui a choisi l’hyperactivité digne d’un agité mental: il proclame en mitraillade des “réformes” (mauvaise utilisation du mot, d’ailleurs), disons plutôt des “mesures” qui, une fois annoncées avec fracas, se meurent aussitôt car n’ayant jamais fait l’objet d’études ni de consultations préalables. Les ministres supposés diligenter ces mesures sont parfois surpris d’entendre le Bongo annoncer des mesures et des dépenses jamais discutées en conseil des ministres.
Evidemment, les Bongo sachant les Gabonais naïfs, ils ont cultivé à merveille l’art des annonces vides, mais calculées. Ils savent les Gabonais faciles à tromper et à endormir dans le vain espoir de changements qui ne viennent jamais. C’est ainsi qu’Omar Bongo a maintenu en haleine les Gabonais pendant 42 ans, se donnant ainsi deux à trois ans de répit à chaque fois, jusqu’à ce que, la magie des premières annonces estompées, il en tonitrue de nouvelles. Et les Gabonais ont toujours tout gobé.
Seul problème pour Ali, papa avait au moins l’intelligence de limiter le nombre de ses “bongoïseries” à trois annonces de promesses vides par an. Le rythme des “biafreries” d’Ali est, quant à lui, tellement désordonné et rapide que le manque de réalisations concrètes et rapides finira par, tout aussi rapidement, le rattraper. Plus on promet, plus on créé des attentes et plus les attentes sont déçues, plus la potentielle chute est lourde.
La seule question que les Gabonais doivent cependant se poser en ce moment est la suivante: jusqu’à quand supporteront-ils de se laisser endormir, tromper, puis détrousser, par les Bongo et leurs complices tant au sein du régime que des oppositions conviviales qui ont remis le pouvoir à Ali Bongo ?
Il me semble que le temps est venu pour les patriotes de tous bords politiques de s’organiser autour d’une véritable idéologie du changement, et au sein d’un mouvement véritablement radical, aux fins d’en finir, une bonne fois pour toutes, avec les biafreries d’Ali, et ceci par tous les moyens possibles.
Dr. Daniel Mengara
Président, Bongo Doit Partir
Bongo Doit Partir
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7 Réponses à Daniel Mengara: En finir une bonne fois pour toutes avec les biafreries d’Ali Bongo