Les mallettes de Bongo à Sarkozy : l’interview qui accuse
EXCLUSIF – Mike Jocktane, ancien proche du clan Bongo, assure que Nicolas Sarkozy «a bénéficié de remises d’espèces pour financer sa campagne de 2007 et régler une situation dans l’entre-deux tours».
Recueilli par VIOLETTE LAZARD
Il a été pendant quatre ans au service du président défunt du Gabon, Omar Bongo, comme conseiller personnel puis comme directeur adjoint de son cabinet. Mike Jocktane est aujourd’hui dans l’opposition et se bat contre Ali Bongo, le fils de l’ancien président, élu dans des conditions plus que contestables en août 2009. Pour la première fois, ce pasteur né en France en 1972, prend la parole dans le livre le Scandale des biens mal acquis, enquête sur les milliards volés de la Françafrique (éd. La Découverte) à paraître ce jeudi et signé par Thomas Hofnung, journaliste à Libération, et Xavier Harel. Jocktane dénonce le système des mallettes de billets remis par son pays à des dirigeants français de tous bords. Contrairement à l’avocat Robert Bourgi qui déclarait dans le JDD en septembre que ce système s’était interrompu avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, Mike Jocktane assure que le président français en exercice en a bénéficié lors de sa campagne de 2007. Et que le système perdure encore.
Vous avez passé plusieurs années dans les coulisses du pouvoir de la présidence Bongo. Qu’avez-vous appris sur le «système des mallettes» ?
Dans le milieu dans lequel j’ai évolué, et même pour tous les Gabonais, ces remises d’espèces sont un secret de Polichinelle. Tout le monde était au courant et savait que quand un dirigeant français venait au Gabon, il repartait presque toujours avec une malette… Ici, la nature des régimes est d’arroser tout le monde, quel que soit le parti politique, et cela pour obtenir et conserver leur bienveillance.
Dans son interview au Journal du dimanche, l’avocat Robert Bourgi indique que ce système a pris fin en France avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir. Cela vous paraît-il crédible ?
Absolument pas. Ce n’est même pas vraisemblable ! Pourquoi se serait-il arrêté aujourd’hui, pour quelles raisons ? J’ai été dans les couloirs de la présidence gabonaise jusqu’en 2009, et je sais qu’à cette période le système perdurait. Et il n’y pas eu par la suite de changements radicaux avec l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir, bien au contraire.
Vous déclarez aux auteurs du livre : «Omar Bongo a contribué au financement de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy.» Pouvez vous détailler ces affirmations ?
Je tiens d’abord à dire que je n’ai pas de preuves. Tout le système est construit pour que personne, hormis peut-être celui qui donne ou celui qui reçoit les «cadeaux», ne puisse prouver les remises d’espèces. Mais je suis formel : Nicolas Sarkozy a bénéficié de remises d’espèces pour financer sa campage de 2007 et régler une situation dans l’entre-deux tours. D’ailleurs, alors qu’il était simplement ministre de l’Intérieur, il est venu passé un week-end à La Pointe-Denis (Gabon), réputé pour ses plages. Ce voyage n’avait rien d’officiel et prouve sa proximité avec le régime. Il y a eu, par la suite, des retours d’ascenseurs de la France. Le plus scandaleux est l’adoubement d’Ali Bongo par la France de Sarkozy et de son conseiller occulte Bourgi et, un peu plus tard, son empressement à reconnaître avant même la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle gabonaise l’élection frauduleuse d’Ali Bongo. Le Président a peut-être eu peur que des secrets ne soient révélés si Ali n’était pas élu…
Quels sont les moyens de pression des dirigeants gabonais. Ont-ils des moyens de prouver ces remises de liquide ?
Je pense que ceux qui donnent de l’argent sont en mesure de le prouver. Ils possèdent ainsi un moyen de pression extraordinaire. J’ajoute que toutes les personnes qui rendaient visite au président Bongo étaient filmées et ceci pour des questions de sécurité. Et pas seulement dans les couloirs, par des caméra de vidéo-surveillance. Il y avait également une caméra dissimulée dans le bureau du président. Je ne dis pas que le président Nicolas Sarkozy a reçu une mallette sous les yeux de ces caméras car le système de remises d’espèce est bien plus subtile que cela. Des intermédiaires sont souvent sollicités. Bourgi en était un. Mais imaginez malgré tout les moyens de pression que ces films peuvent représenter… Ils doivent être nombreux à ne pas dormir tranquillement aujourd’hui.
Vous êtes resté quatre ans au service d’Omar Bongo. Vous avez donc connaissance de ce système depuis des années. Pourquoi ne prendre la parole qu’aujourd’hui ?
Premièrement, parce que ma conscience est tranquille. Je n’ai jamais été impliqué dans une quelconque opération illicite. Ensuite, lorsque le président Omar Bongo est mort [en juin 2009, ndlr], de nombreux Gabonais, dont moi-même, ont jugé que le moment été venu pour notre pays de vivre une vraie démocratie. Il fallait remettre le pouvoir entre les mains du peuple.
C’est la raison pour laquelle je n’ai pas soutenu Ali Bongo, qui est un frère et à l’époque était en plus un ami. Tous nous savions qu’il ne pouvait pas gagner ces élections à la régulière et même en trichant.
Aussi, depuis sa prise de pouvoir, une dictature violente s’est mise en place et tente maladroitement de s’enraciner. Le Gabon est en net recul sur le plan de libertés individuelles : on ne trouve pas de travail si l’on n’a pas les bonnes opinions politiques, la presse et même la justice ont perdu le peu d’indépendance qu’elle avaient. On a même assisté récemment à la dissolution du principal parti de l’opposition. Les Gabonais sont de plus en plus pauvres et l’avenir est très incertain.
Pendant ce temps, la richesse de notre pays s’enfuit dans des mallettes distribuées à des dirigeants étrangers. Et cet argent, au lieu de servir au développement du pays, permet d’assurer la stabilité d’un régime corrompu qui bafoue la démocratie.
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