Les Echos ZONE FRANC: Zone franc: la croissance reste trop faible pour reduire la pauvrete
Les pays de la zone franc connaitront en 2000 une croissance a peine superieu re aux 2,1 % de l'an passe.
La performance est decevante, les pays de la zone franc (1) devraient enregistrer une croissance de 3 % cette annee, nettement mieux que les 2,1 % en 1999 mais loin des 6 ou 7 % necessaires pour reduire la pauvrete. 'Les pays d'Afrique centrale NLDR : qui comprennent des pays producteurs de petrole comme le Gabon et le Congo ont tire les benefices de leurs efforts d'ajustement interne et de la forte hausse des cours petroliers, tandis que ceux d'Afrique de l'Ouest ont souffert de la faiblesse des prix des matieres premieres, comme le cafe, le cacao, tandis qu'ils subissent de plein fouet la remontee des cours du brut', a commente Charles Josselin, le ministre francais delegue a la Cooperation, a l'issue de la reunion semestrielle des ministres des Finances de la zone, qui s'est tenue lundi.
Le petrole, facteur determinant
Les turbulences politiques en Cote d'Ivoire et les difficultes economiques qui y sont associees expliquent largement la relative contre-performance de l'Afrique de l'Ouest. Le retour a la normale dans l'ancienne locomotive de la region conditionne donc les previsions pour l'an prochain. Charles Josselin s'est neanmoins voulu rassurant, tablant sur un rebond de la croissance autour de 4,5 % pour l'ensemble de la zone en 2001. La Cote d'Ivoire pourrait croitre de 4 %, estime Charles Konan Banny, le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, qui a tenu a dementir les rumeurs de fuite de capitaux hors de l'ancienne colonie francaise. Le rebond d'activite dans la zone franc necessite egalement que 'les pays poursuivent leurs efforts d'ajustement', a precise Charles Josselin. Les cours de l'or noir determineront aussi le maintien du redressement observe en Afrique centrale.
A cet egard, les ministres sont convenus d'etudier 'l'introduction d'un mecanisme de stabilisation conjoncturelle des recettes budgetaires, et particulierement des recettes petrolieres pour les pays producteurs'.
La rencontre des ministres a egalement constitue l'occasion pour la France de faire un discret rappel a l'ordre sur les risques de voir ses partenaires devenir une plate-forme de blanchiment d'argent lie aux trafics de drogue et d'armes notamment. Charles Josselin s'est fait assez discret sur le sujet, evitant soigneusement de pointer du doigt l'un ou l'autre des pays partenaires. 'Nous avons decide la creation d'un comite de liaison anti-blanchiment au sein de la zone franc', a-t-il simplement indique.
(1) Benin, Burkina-Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Cote d'Ivoire, Gabon, Guinee-Bissau, Guinee equatoriale, Mali, Niger, Senegal, Tchad et Togo.
La Tribune
Marches;Taux et Changes, Pg. 9
LA QUESTION DE LA PARITE DU FRANC CFA FAIT L'OBJET DE DISCUSSIONS
La Cote d'Ivoire, moteur de la zone CFA d'Afrique de l'Ouest, est en pleine crise.Des rumeurs sur le reajustement de la parite du franc CFA s'accelerent.
Hier, la question de la parite du franc CFA (100 francs CFA = 1 franc francais) a ete ajoutee a l'ordre du jour de la reunion des ministres de la zone franc qui se deroule aujourd'hui a Paris. Cette information confirmee par Bercy corrobore l'avis de plusieurs ministres des Finances africains arrives a Paris pour qui la parite du franc CFA est plus que jamais d'actualite. Depuis l'instauration de l'euro, cette derniere est en effet garantie par le Tresor francais. Mais des rumeurs de plus en plus insistantes sur son reajustement agitent le microcosme financier franco-africain. A l'origine de ces interrogations, l'evolution catastrophique de l'economie de la Cote d'Ivoire, qui a elle seule represente 40 % du PIB de la zone franc d'Afrique de l'Ouest. Avec l'accentuation de la crise politico-economique dans ce pays, les sorties de capitaux prennent des allures jugees inquietantes par des hauts responsables de la Banque centrale d'Afrique de l'Ouest, l'institut qui gere la monnaie commune a cette zone. ' En un mois les sorties de capitaux equivalent aux sorties enregistrees entre juin et aout ', constate un responsable de la BCEAO. Desequilibre. Du coup, le Tresor est appele a multiplier ses operations pour combler le desequilibre. Mais la gestion des consequences de la crise en Cote d'Ivoire ce pays tire l'economie de tout l'hinterland allant du Mali au Niger jusqu'au Benin pose, de l'avis de plusieurs banquiers, le probleme complexe du decouplage des deux zones CFA en Afrique (Afrique de l'Ouest et Afrique centrale). Ainsi, si la seconde profite de la manne petroliere, a l'image du Gabon, la premiere souffre de la crise ivoirienne. Quoi qu'il en soit, les experts de la zone franc estiment qu'au rythme actuel des sorties de capitaux et de la deterioration de l'economie ivoirienne, un reajustement s'avere necessaire. Un creneau semblait favorable pour l'operation : novembre, le mois qui suit les elections presidentielles ivoiriennes, mais les soubresauts de la politique ivoirienne pourraient bien en accelerer l'echeance. Guy-Andre Kieffer