Cher FVBJe ne partage que partiellement votre position sur cette question de réfugiés, non seulement parce qu'il ne s'agit point ici d'un problème de xénophobie, mais parce qu'il s'agit bel et bien d'un problème d'intégrité territoriale.
Ce qui a donc attiré mon attention et m'a fait un peu tiquer, c'est ce passage de votre message:
"mais c'est vrai aussi que ce qui arrive aux congolais aujourd'hui, pourrait arriver aux gabonais demain, je ne voudrais que mes parents soient empêchés de trouver la paix et la sécurité dans un pays frontalier, que mes parents et compatriotes soient refoulés aux frontières comme des pestiférés".
cher compatriote, dois-je vous rappeler que ce qui arrive aux congolais aujourd'hui n'arrive que dans des pays où la dictature a été instaurée en loi et où des mégalomanes comme Sassou Nguesso ont décidé de décimer leurs propres populations pour leur intérêt personnel?
Donc, si demain la même chose se produisait au gabon, ce serait forcément à cause de la dictature de Bongo. je n'ai pas cru lire dans le message d'Ilunga un appel au refoulement des réfugiés, mais bel et bien un avertissement au régime Bongo, justement parce qu'un flôt migratoire non contrôlé peut facilement déborder.
Vous citez vous même le cas du Zaïre. C'est justement ce qui peut arriver au Gabon car comment pourrez-vous trier les populations et décider qui est combattant et qui ne l'est pas? Ils n'ont pas pu le faire au Zaïre. Croyez-vous qu'on pourra le faire au gabon avec le manque d'expérience qu'on a?
Or, comme on le sait, les cas de figures sont multiples qui pourraient déstabiliser non seulement les régions gabonaises concernées, mais aussi le Gabon tout entier. la guerre peut être propagée au Gabon par le simple fait que les combattants congolais des deux camps peuvent décider de venir pourchasser leurs opposants sur le sol gabonais. Or, ce qui va se passer dans ce cas est simple: Bongo devra choisir son camp puisqu'il ne pourra pas combattre tout seul les deux camps à la fois pour les rejeter hors du territoire national.
Or, quel camp Bongo choisira-t-il? Bongo peut-il décider de combattre Sassou sachant que c'est lui-même qui a aidé la France à remettre Sassou au pouvoir, provoquant ainsi directement la guerre civile congolaise actuelle? Bongo peut-il choisir le camp de Kolélas-Lissouba sachant que par une telle action il s'opposerait à son beau-père et à la France? La réponse est non.
Il apparaît donc qu'en cas de conflit, Bongo se placera du côté de son beau-père et de la France pour combattre les rebelles congolais. ce cas de figure nous entraînera de fait et de juré dans la guerre congolaise. Et soyez en sûr, ami FVB, un tel conflit ne s'arrêtera pas aux frontières congolaises. Il se propagera dans tout le Gabon, menant ainsi les acteurs internes à prendre position pour l'un ou l'autre des camps. Très vite, on pourrait voir le Gabon faire une regression de 30 ans tant en matière politique qu'économique.
Voilà les vrais craintes que nous devons avoir. Personne ne pourra empêcher les réfugiés d'entrer chez nous, mais cela ne veut pas dire qu'un gouvernement responsable doit rester les bras croisés sans essayer de juguler et de prévenir les possibles dérapages.
je crois qu'Ilunga a raison de poser le seul vrai problème qui intéresse les gabonais, c'est à dire celui de la responsabilité du régime. En allant favoriser une guerre chez les autres, Bongo ne savait pas que cette guerre viendrait hanter le Gabon un jour. Il lui faut donc, à mon avis, et comme Ilunga le dit, porter la responsabilité de tout ce qui va arriver puisqu'il en est la cause.
En Europe, ils essaient de punir les criminels de guerre. Pour avoir entraîné chez nous l'instabilité qui vient, Bongo devra être jugé comme un criminel de guerre car il aura aidé son beau-père à génocider les Congolais et devra également bientôt l'aider à génocider les Gabonais quand ceux-ci se lèveront pour dire leur ras le bol dans le cadre d'une situation qu'ils savent que Bongo a provoquée.
Voilà où se trouve le vrai débat et je crois que nous intellectuels gabonais avons intérêt à en discuter pour pouvoir étudier les possibilités qui nous attendent dans l'avenir. Dans ce débat, la prévention vaut mieux que l'immobilisme.
Mao.