Il est intéressant, et peut–être assez inquiétant de constater la nouvelle recrudescence de l'activisme français en Afrique. En effet, la France s'est lancée non seulement à l'assaut de l'Afrique tout entière par le biais de sommets qui englobent francophones et anglophones, mais elle joue aussi, ces derniers temps, un rôle pour le moins suspect dans le Gabon de Bongo.Dans les temps incertains que nous vivons, des conférences sur la paix sont de plus en plus à l'ordre du jour, et au centre de ces conférences l'on retrouve toujours une certaine... France.
C'est ainsi que s'est ouverte aujourd'hui au Gabon une conférence internationale sur le maintien de la paix en Afrique, conférence organisée par, point de surprise, le Gabon et la France (AFP, 16 juin 1999). Cette association du Gabon et de la France ne serait pas suspecte à première vue si un examen profond de la situation ne nous portait point à croire à des manigances franco-gabonaises comme celles auxquelles nous sommes habituées.
En effet, il n'y a point ici de hasard possible car:
1) Bongo a commencé à renforcer, ces derniers temps, un étau sécuritaire autour de sa présidence et de son régime. A ce titre, des hommes de confiance comme son fils Ali et d'autres, surtout originaires de son ethnie, ont été nommés à des postes clé relevant des secteurs de la défense et de la sécurité. Bongo copie ainsi, selon la Lettre du Contient 330 du 3 juin 1999, la Côte d'Ivoire qui avait donné l'exemple en créant le premier un CNS (conseil national de sécuirité) que Bongo a copié à la lettre poar la suite (jamais d'originalité, hein, Bongo?). Evidemment, comme on pouvait s'y attendre, Bongo en assure lui-même, avec son fils, la présidence.
2) Bongo semble maintenant se tourner pleinement vers la France pour des conseils que des gabonais compétents auraient pu facilement lui prodiguer s'il savait les écouter. C'est ainsi que, selon cette même Lettre du Continent (op.cit), Bongo se serait offert les services d'un certain JEAN-NOËL TASSEZ qui serait "l'ancien patron de RMC et de la SOFIRAD, grand ami de toujours de Jean-Christophe Mitterrand, ex-conseiller pour les Affaires africaines de l'Elysée". Jean-Noël Tassez a donc été embauché par Bongo comme conseiller personnel en communication. Ce même Tassez va aussi servir de conseiller au ministre des Hydrocarbures, Paul Toungui.
En termes plus limpides pour ceux qui ne l'ont pas encore compris, la France va donc désormais se charger de:
1) contrôler directement et personnellement, la vie politique du Gabon puisqu'elle va désormais dicter plus directement à Bongo ce qu'il doit faire politiquement.
2) contrôler plus directement l'usage que le régime Bongo fait du pétrole gabonais.
La France sera donc ainsi aux premières loges de la vie politique gabonaise puisqu'elle va en contrôler non seulement la vision politique, mais aussi la richesse économique.
La question qui se pose est donc la suivante: que veut la France? Cette reprise en main directe du Gabon que l'on croyait "indépendant" depuis 1960 veut-elle dire que la France veut désormais éviter les erreurs commises par Bongo et l'aider à ressuciter le pays du coma socio-économique dans lequel Bongo l'a plongé? Ou s'agit-il au contraire pour la France d'aider Bongo à mieux écraser son peuple et à l'aider à vider les dernières gouttes de pétrole qui restent encore au Gabon?
La question reste posée, mes amis...
Raphaël-Blaise Ilunga
Equipe technique, BDP.