Voici un texte de Jeune Afrique qui mérite toute notre attention, vu le contexte de la situation politique de notre pays. Faite la comparaison Mandela-Bongo. Quelle différence!
Ce que je crois par BÉCHIR BEN YAHMED
Mandela est le plus grand
Je suis vraiment impressionné par la manière seigneuriale, quasi prophétique, avec laquelle Nelson Mandela
se meut, s’exprime, décide et, d’une manière générale, se comporte.
Voici un homme aujourd’hui âgé de 80 ans, dont vingt-sept passés en prison, qui n’a exercé le pouvoir que
pendant un seul mandat de cinq ans et trouve le moyen de prendre congé de sa fonction avec le détachement et
l’élégance d’un très grand seigneur.
Le pouvoir ? Il n’y tient pas visiblement, et pas plus aux avantages et privilèges qu’il donne.
Sa succession ? Il l’a préparée avec soin : l’homme auquel il passera le relais, Thabo Mbeki, s’est imposé à lui
comme le meilleur, peut-être le seul possible. Alors, il ne l’a pas laissé poireauter, n’a pas cultivé
l’incertitude sur son choix ou la date de son départ ; il ne l’a pas tenu à l’écart : bien au contraire, il l’a installé à
sa place et s’est employé depuis deux ans à le laisser gouverner, prendre les décisions, se cantonnant lui-même
dans les arbitrages et l’honorifique.
Il lui a facilité la tâche, l’a aidé à apprendre et lui a donné le temps de le faire.
Je n’ai vu personne sous aucune latitude faire cela. Même les plus grands rois n’ont pas toujours procédé aussi
bien avec le fils ou la fille désigné(e) pour leur succéder.
Que dire d’un Houphouët qui voulait mourir président, d’un Bourguiba qui a cru possible de se faire nommer
président à vie, l’un et l’autre changeant de dauphin selon l’humeur et laissant entendre que le successeur
constitutionnel n’était rien moins qu’assuré de le rester.
En Afrique, sur ce plan, seul Léopold Sédar Senghor a eu un comportement rationnel qui se rapproche de celui
dont Nelson Mandela nous donne en ce moment même le plus beau des exemples.