Case à Palabres du BDP-Gabon Nouveau

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Conférences L'arbre à palabres politiques Discussion 555
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ELAMINEG
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13-août-04, 22h47  (Heure de: New Jersey)
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"Echo du Patriote 1"
 
  
ECHO DU PATRIOTE

Ce qui va suivre durant quelques mois est une contribution "germinale" de la réforme à laquelle nous devons nous engager. Ces propos s'adressent aux vrais patriotes et n'interesseront surtout pas :

1 . les doctes, qui savent tout ;
2 . les intellectuels, qui n'agissent jamais ;
3 . les stylistes, qui ont plus le goût des mots que de la profondeur;
4 . les gens pressés, qui voudraient être arrivé avant de partir.

J’écris pour les gens simples, amoureux de la vérité et de la justice qui sont presque toujours aussi, les gens d'action.

I/ - LE PATRIOTISME ET L'ETAT (1ere partie)


Le patriotisme n’est pas une simple définition de la relation de soi avec une nation particulière, ni avec la terre qui m’aurait vu naître ou vu grandir, ni même avec celle qui aurait fait de moi un Homme. Ce terme, dérivant du mot Patrie, nous convie à nous souvenir que la patrie elle même découle du latin « Pater », c’est à dire « Père ».

Or le qualificatif de père est lourd de signification et de conséquence. Il renvoie en effet autant à la fonction de géniteur qu’à celui de protecteur et de guide ; sur le plan moral, il exprime les qualités nécessaires à l’épanouissement de l’enfant que nous sommes.

De ce point de vue, le père n’est pas seulement l’individu qui s’est donné pour rendre notre venu au monde possible ou, mieux encore, celui qui se serait voué et adonné au travail pour nous vêtir et nous nourrir. Il est plus approprié de le voir comme une lumière, comme une source prospère à partir de laquelle on se définit soi-même comme un individu, comme une personnalité émergente, comme monsieur Ossa, monsieur Keita ou comme monsieur Olympio. Le terme « je m’appelle », est déjà en lui même une référence synthétique au père dont on se réclame puisque c’est la référence à une identité. Le père est une source unique, un dénominateur commun, un point de ralliement dans la marque de fraternité de plusieurs enfants. Nous sommes frères, pourquoi ? Parce que nous avons le même père, pourrait-on dire. C’est ainsi que liés par la vie, nous avons les uns envers les autres des devoirs et des droits fondamentalement naturels ; dirait-on d’ailleurs plus de devoirs que des droits ? Et dans cet élan, nous devons être réciproquement solidaires.

Le rattachement à une même paternité montre que le père se caractérise surtout par des valeurs qui, certes, peuvent avoir force de loi, mais qui veulent surtout être le fondement de l’épanouissement normal des enfants, la base sur laquelle ces derniers construiront leur personnalité. La paternité est par conséquent l’expression d’un engagement grave de conséquence d’autant plus qu’il est le témoignage des choix qui ont pour vocation de s’ériger en protection, en exemple et en liberté.

Or cette idée de rattachement à une même paternité, et le soupçon de cette vocation, est justement ce qui caractérise les individus se réclamant d’une même terre, et j’allais dire d’une même Patrie. En cela, la patrie va caractériser une certaine unité historique, culturelle et sociale. Cette caractéristique, ou plutôt cette matérialisation de l’idée de Patrie, rejoint aisément l’idée de nation. Qu’est-ce qu’en effet que la nation ? C’est la référence à des valeurs et à des individus qui manifestent la volonté de vivre ensemble sur la base d’un socle territorial commun ? Et la patrie de donner à ce territoire un peuple. Mais ce peuple peut ne pas en totalité se trouver sur le territoire commun, certains de ses ressortissants peuvent même choisir de vivre ailleurs ; il n’en demeure pas moins qu’ils s’en réclameront et souligneront leur attachement à leurs origines ainsi que nous le montre l’histoire des juifs, des kurdes, de tous les immigrés d’un pays quelconque. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que la Patrie est toujours cimentée par la prise de conscience d’une appartenance eu égard à un patrimoine culturel et religieux commun.

De ce point de vue, le patriotisme n’est pas un enfermement. C’est l’envol d’une conscience qui reste rattachée à une identité particulière, un peu comme le cerf-volant voltige librement dans l’espace, cependant qu’il est tenu de mains fermes par le biais d’un fil quasi invisible. Le cerf-volant est libre de ses parades, mais il n’est pas libre de s’en aller. Il en est de même du patriote qui est individuellement est libre de ses actes en même temps que collectivement responsable ; individuellement l’Homme est libre de vivre au loin, mais ni son cœur ni sa pensée ne lui appartiennent, et exigent d’être retrempés de temps à autre dans cet élixir de vie qu’est la patrie. L’homme n’est libre que pour agir, il n’est pas libre des mobiles inconnus qui l’y poussent et encore moins des jouissances qui résultent pourtant de ses efforts. Le vrai héritage de l’homme, sa part de liberté, c’est l’action.

Le patriotisme est une prise de conscience du rôle de chacun avec la communauté. Il diffère foncièrement du nationalisme. Qu’est-ce en effet que le nationalisme ? C’est la prise de conscience d’une appartenance étroite de laquelle l’on ne veut pas sortir. Or, sans la prise de conscience de son rôle, de sa capacité à améliorer le devenir collectif, de son désir de changer le monde, le patriotisme se dégrade et se concentre dans une vague aspiration qui tend souvent à s’exaspérer pour se transformer en nationalisme dont nous connaissons, hélas ! les poussées extrêmes dans leurs flirtes avec l’absolutisme…. Hier, ces poussées se sont appelées nazisme et fascisme, comme elles pourraient s’appeler aujourd’hui capitalisme. En effet, ne pouvons-nous voir un point commun entre l’asservissement racial, religieux et politique aux conséquences sociales et humaines révoltantes, et l’asservissement financier soutenue pas la force des armes aux mêmes conséquences pour la grande masse et nettement plus insidieux ? A chaque époque le visage de l’absolutisme s’est montré en clair obscur.

Cela étant, chaque nation a une âme, et cette âme c’est son patriotisme particulier. C’est le patriotisme qui veille à apporter à tous et à chacun sa part de survie et sa place dans la marche collective. L’Etat gère l’histoire, la nation la subie et la patrie la construit, parce que pendant que ses yeux se lovent sur l’idéal à atteindre, ses mains pétrissent les cœurs et les pensées de chaque citoyen pour les rendre aptes au moule de la transformation ou du combat nécessaire qui se dresse. L’un des freins, et disons l’une des grandes menaces qui pèsent sur le patriotisme, c’est la confusion et l’assimilation de l’Etat avec l’idéal patriotique.

Qu’est-ce que l’Etat, se demanda un jour Frédéric Bastiat ? Rien d’intrinsèque, nous répondit-il, mais un regroupement d’individus à qui il est donné le pouvoir de diriger et d’administrer la masse aux fins du bien être collectif. L’Etat, c’est la constitutions d’un pouvoir d’imposition à qui l’on donne le droit de décider du bonheur de tous. On le suppose plus éclairé et on veut le croire meilleur serviteur et meilleur guide. Puis, le temps faisant, on finit presque par oublier que l’Etat est issu du peuple, mais il n’est pas le peuple. Aussi l’intérêt de l’Etat et des hommes qui le constitue, des institutions qui le matérialisent et le formalisent, peut-il être opposé à l’intérêt même du peuple. Lorsqu’un dirigeant quelconque affirme ainsi que le fit Louis XIV, l’Etat c’est moi !, il ne fait pas que préciser cette distinction fondamentale ; il marque là d’une pierre blanche la nature même des décisions prises par l’Etat : elles sont intimement personnelles avant de s’imposer à tous ; elles sont infiniment partiales et partielles alors même qu’elles deviennent manifestement générales ; elles sont l’œuvre d’un seul ou d’une oligarchie que l’on croit tout puissant et omniprésent jusque dans nos foyer et nos pensées ; elles incarnent ce que nous aurions pu décider ensemble sans cesser d’être le fruit plus que probable de calculs égoïstes et vicieux qu’un groupuscule tente de faire librement passer dans la conscience populaire et n’y arrivent très souvent que sous la menace de la force, sous les serres d’un commandement sans autorité, d’une nécessité qui dure sans espoir de liberté. La tristesse et la pauvreté de notre époque, c’est qu’il y a peu de réel souverain au sens d’un chef reconnu par sa sagesse, sa déférence et son exemple.

Ce qu’on trouve à la tête des Etats, et malheureusement à la tête du Gabon actuel, ce sont des légistes matérialistes qui ne dirigent que par des lois éphémères manipulées au gré des circonstances de leur intérêt particulier ou de celui de leur parti. Au lieu d’une logique de service et d’idéal, ces légistes n’ont qu’une logique de pouvoir, ce qui les rend incapable de dépasser les frontières d’idées qui s’opposent et de proposer un réel cap à ceux qui ont fait le choix d’être d’éternels administrés.

En théorie, l’Etat n’existe que pour le peuple. En pratique, l’Etat ne survie et ne dure finalement que par la spoliation morale et physique de la source qui lui a donné naissance. Comment peut-il en être autrement lorsque ceux qui l’incarnent sont peu vertueux et n’arrivent à l’Etat que souvent par voie de copinage, d’héritage, de clientélisme, d’intrigues, de népotisme et de duperies ? L’Etat ne devrait être constitué que par des êtres éprouvés, assagies par l’expérience plus que par les ages, reconnu pour leur exemplarité en lieu et place de leurs belles paroles ou du rattachement de leur nom à l’histoire ; des êtres qui partagent ainsi le destin du peuple, qui aspirent au progrès moral comme condition sine qua non de l’épanouissement intégrale du pays, progrès qu’ils portent dans leur vécu…

Au lieu de cela, que voyons-nous ? Que l’Etat est constitué de hordes de barbares politisés, des hommes comme monsieur grossier ou madame immature qui se retrouvent au pouvoir sans que l’on sache trop comment après avoir emprunté les raccourcis « pistons » ; l’Etat, depuis qu’il existe a certes évolué, mais il est toujours entre les mains des êtres quelconque aux yeux enrougis de malices, entre des cœurs corrompus qui s’attèlent à corrompre ; l’Etat est ainsi d’avantage marqué par des actes qui ne sont que des prémisses de meurtres ; et, aujourd’hui, l’Etat n’est généralement constitué que par des égoïstes qui ont usurpé le pouvoir aux ignorants pour satisfaire leurs intérêts personnels, et qui, coûte que coûte, veulent le garder à vie pour poursuivre dans l’asservissement du peuple, pour continuer à user et à abuser du droit de gérer qu’ils transforment en droit de durer.


Mieux aimer et mieux servir,
Elamineg



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  Sujet     Auteur     Posté le     ID  
  Echo du Patriote 1 (suite) ELAMINEG 21-août-04 1
     Echo du Patriote 1 (Fin) ELAMINEG 26-août-04 2
         RE: Echo du Patriote 1 (Fin) Bantou 27-août-04 3
             Echo du Patriote 2 ELAMINEG 03-sept-04 4
                 Echo du Patriote 2 ELAMINEG 11-sept-04 5
                     Echo du Patriote 2 ELAMINEG 18-sept-04 6

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ELAMINEG
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21-août-04, 11h41  (Heure de: New Jersey)
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1. "Echo du Patriote 1 (suite)"
En réponse au message #0
 
  
I/ - LE PATRIOTISME ET L'ETAT (2ème partie)

Tout le monde se souvient djà avoir entendu cette phrase : " L'ETAT c'est moi ! ".

Dans le contexte du Gabon sa résonnance a une connotation particulière. Loin d'exprimer l'autorité et l'homme devoué aux affraires publiques pour l'amélioration générale, elle caractérise la tendance aux abus e à l'impunité de ceux généralement qui sont en charge du destin public.

Et c'est pourquoi de la buche meme de l'homme gabonais, la parole synthétique de Louis XIV : l'Etat c'est moi, se traduit malheureusement en : "l'abus c'est moi". Et s'il nous était donné de surprendre quelques conversations arrachées à l’indiscrétion d’un de ces usurpateurs de la liberté, ne soyons pas surpris d’entendre ceci :

« L’Etat c’est moi, et c’est à moi ô peuple que vous devez votre pauvreté, vos misères, votre esclavage, votre perte prévisible, vos guerres à venir. Vous avez renoncé à vous même en laissant la lâcheté vous envahir, et vous vous êtes reposez sur moi comme l’agneau qui se trompe de mère pour aller se blottir sous le vendre d’un loup. Que voulez vous que je fasse lorsque ma nature est de croquer l’agneau, d’asservir et de jouir sans effort, de diriger enfin sans but… La morale, oserais-je dire, c’est pour les faibles qui ne peuvent conserver le pouvoir ; car pour durer, j’ai besoin d’immoralité et d’amoralité ; me croirez-vous si je vous disais que je vous aime ô peuple ! que je vous aime comme un capitaine prêt à quitter nuitamment le navire condamné à chavirer sans souci autre que l’or ni des matelots ni des autres passagers ? Telle est ma nature ! Et l’Etat que j’incarne, ne saurit être autre chose ».

De tels propos ne peuvent qu’horrifier tous les vrais patriotes qui savent que le devoir est la garantie même de la société, tandis que la politique n’est que le moyen de servir. L’homme social et l’homme politique, ce devrait être d’abord un homme de devoir nourrit à la morale et à la justice ; ce devrait être ensuite un homme qui s’oublie lui même et qui se donne entièrement au peuple, parce que son cœur, sa pensée et ses actions avec ceux du peuple ne font qu’un. Dès lors qu’il fait adhérer le peuple à sa personne, il ne s’appartient plus. Il appartient au courant de pensée et au rayonnement sentimental qui ont fondés leur espoir en son action. Il appartient d’abord à l’homme ivre détruit par le chômage, à la femme de ménage, au paysan, à tous les sans nom qui ont décidé de s’accrocher à l’espoir qu’il a suscité en eux. Tant qu’un hommes s’élèvera pour diriger ses semblable, il n’appartiendra ni à sa famille, ni à son parti politique. Qu’est-ce d’ailleurs qu’un parti politique ? C’est une étiquette qui veut nous renseigner sur les capacités du postulant choisi à fédérer les volontés autour de sa personne. Ce ne doit jamais être une prison de tri où très souvent, ce ne sont pas généralement les meilleurs qui sont choisis, mais les plus opportunistes repus aux jeux des réseaux.

Le résultat de ces choix est toujours visible après quelques années d’exercice de pouvoir : en occident, précarité grandissante et confiscation de la liberté par une politique d’assistanat ; dans le tiers-monde, pauvreté croissante et dégradation d’infrastructures publics alors même que l’on note un enrichissement personnel douteux. Progressivement, l’intérêt général devient un terme générique infirmé par la réalité. Car, à l’exemple de ses guides, des « hommes d’état » qu’il a choisi, le citoyen ordinaire, électeur isolé ou en groupe organisé, perd de vue la raison politique et s’investie à corps perdu dans la culture d’un intérêt personnel qui accentue l’appauvrissement et la décadence sociale. A tous les échelons de la société, on voit s’élever le raquette, se former des réseaux de piston, s’ancrer un népotisme favorable aux détournements des deniers publics et d’abus de biens sociaux. Tout le monde se concurrence et se flatte d’avoir détourné ou profité de sa situation à la barbe de ceux qui ne sont plus que d’uniforme appelé « forces de l’ordre », et qui, pour améliorer des fins de mois difficiles, s’adonnent volontiers aux faux contrôles pour rançonner ceux qu’ils doivent protéger.

N’en doutons pas, cette description est bien visible aujourd’hui. Il suffit à qui veut s’en convaincre d’aller dans un grand nombre de pays d’Afrique pour faire connaissance avec des Etats voyous dont les effets sont rapidement et extérieurement visibles. Mais il faut dire que la formation d’un Etat voyou est presque toujours imperceptible ; elle se fait à la faveur d’une justice que l’on rend inefficace, d’une police que l’on soudoie et que l’on cantonne à la paperasse et aux jouissances mondaines, des médias que l’on confisque à sa seule solde et qui vont s’atteler à faire l’apologie du pouvoir. Cela se traduit par l’unicité et la centralisation de tous les compartiments du pouvoir ; et cela va modifier l’esprit de la constitution, puisque celle-ci deviendra malgré elle le bouclier d’une parodie de démocratie qui dans les faits ne garantie plus la séparation des pouvoirs médiatique, judiciaire, législatif et exécutif.

A la vérité, les enquêtes parlementaires comme les investigations médiatiques et judiciaire ne sont que des curiosités de compères pour se tenir réciproquement par la barbichette. Au grand jamais, les rapports ou enquêtes axés sur le contrôle de l’action et de la gestion gouvernementale ne sortent des couloirs de cabinets ministériels. Au contraire, ils tentent plutôt à protéger les indélicatesses du « frère d’arme » en raison d’une solidarité de rayonnement de parti, quand elle ne l'est pas d'obédience ou de chapelle. Et lorsqu’on verra naître une nouvelle institution allant dans le sens de la lutte contre la fraude et l’illicite, il faudra deviner que l’ampleur des dommages infligés à la patrie est telle que l’on n’a pu se résoudre à faire autrement. Pour la survie de tous, pour la survie du parti, pour la survie du profit, le parti au pouvoir se résout n’ont pas à châtier les coupable, mais à contenir les malversations. C’est la raison pour laquelle dans les Etats voyous d’Afrique sub-saharien dirigés par les conservateurs des ex-partis uniques, les acteurs politiques et hauts fonctionnaires ne sont presque jamais poursuivis, à moins d’être en disgrâce pour tentative de coup d’Etat ou pour acte avéré de lèse majesté.

Pour mieux aimer et mieux servir,
Elamineg


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ELAMINEG
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26-août-04, 19h25  (Heure de: New Jersey)
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2. "Echo du Patriote 1 (Fin)"
En réponse au message #1
 
   I/ - LE PATRIOTISME ET L'ETAT (fin)

Le gabon en manque de patriotisme est véritablement dans une situation de grande misère morale. Devant cette grande misère, les réformateurs, les patriotes sincères, les hommes de foi et de bonne volonté, le citoyen en somme, doit se montrer méticuleux chaque fois que son avis est sollicité au sein des organes décisionnels. Avant d’être élu local, député ou sénateur, on est d’abord citoyen, père, frère, sœur, mère et fils d’une lignée ; on a des devoirs non seulement envers cette lignée, mais aussi envers tous ; surtout envers tous lorsque l’on occupe une fonction représentative. Toutes actions contre le grand nombre retombent sur soi et sur ceux qu’on prétend mettre à l’abri du besoin au détriment de tous. Et l’homme politique qui trahit ses engagements, non pas à la force d’une conjoncture qui nécessite de se raviser des promesses électorales, mais par goût de profit individuel pour sa seule famille (politique ou génitale) commet un crime de haute trahison.

Au demeurant, il a apporté de la misère dans les foyers, il a brisé des cœurs, il a déchiré les rêves, et il a condamné à l’inaction un nombre incalculable de personnes qui ont crus en lui : voilà résumé tout Mba Abessolo !
Ce sont de tels comportements qui ont meurtri la patrie et l'ont condamné à l’errance ; c’est tout cela qui fait de la politique du Gabon en particulier un art du mensonge et qui va, hélas!, amener les citoyens à s'en détourner faute de ne pas savoir comment empêcher que la mauvaise foi s’accapare du pouvoir en même temps qu’on lui laisse plus que jamais le champ ouvert.

Pourtant, lorsque la patrie marche, c’est la nation entière, le peuple enthousiaste, qui marche d’un même cœur et d’une même raison, et qui travaille comme si elle n’avait que deux mains : l’une pour entamer la construction, et l’autre pour la soutenir.
La patrie en marche, c’est la nation fière et consciente de sa grandeur ; c’est la nation obstinée dans les conquêtes de sa perfectibilité, de ses profondeurs et de son âme ; c’est la nation qui ouvre son être à la folie de la beauté et aux vibrations de l’infinie, car l’œuvre qui est la sienne se veut éternelle.
La patrie en marche, c’est la nation rebelle devant son exploitation par des étrangers, rebelle devant la force qui menace de l’écraser, et encore rebelle face au rôle qu’on veut lui faire jouer et qu’elle n’a pas choisi.

Dans l’apothéose de son affirmation, la patrie, comme le phénix, n’hésite pas à se sacrifier éternellement pour renaître éternellement. Gare à ses ennemis qui jamais ne se reposeront de sa guérilla avant qu’ils ne lui aient laissé recouvrir sa pleine liberté et son droit absolu de se tromper. La patrie en marche, c’est la force qui s’allie à la sagesse, et c’est l’enthousiasme effervescent des jeunes qui rencontre harmonieusement la prudence des vieillards ; c’est le souvenir qui renforce les reins des perspectives :
« Ceins tes reins » - dit la vieillesse,
«Alors je t’interrogerais et tu m’instruiras ? », réplique la jeunesse.

De même que l’arbre tire sa force dans ses racines pour tendre solidement vers les cieux, il n’y a pas d’avenir sans la jeunesse, et il n’y a pas de sécurité et de stabilité sans la vieillesse. Le patriotisme est la liaison affective, intime et active de ces deux entités. Ce n’est pas un plongeon dans de fastes cérémonies du souvenir portées en grandes frasques par des monuments qui ne font que rappeler une époque révolue, et qui du reste ne rayonnent point sur la jeunesse. Ce n’est non plus un envol d’aveugles dans des espaces vieilles et abandonnés que l’on croirait nouveaux faute d’instruction.

Le patriotisme est la danse du présent qui, tantôt se tourne vers le passé pour se rassurer devant l’inconnu, et tantôt s’élance vers l’avenir après s’être nourrit du passé qui lui épargnera les égarements et qui lui permettra de naviguer avec expérience dans ses nouveaux objectifs ; c’est l’importance, la solidité et le concours harmonieux des piliers du temple du droit et des devoirs qui déconseillent de faire de l’avenir, le prétexte d’oubli du passé. Le tronc d’arbre qui se sépare de ses racines se suicide en s’exposant au transport de la colère vent et aux ardeurs du soleil ; et les racines qui ne nourrissent plus le tronc n’on plus de raisons de vivre : à quoi servirait des cierges pour un aveugle et des instruments de musique pour un sourd ?

Patrie signifie Pater, et « Pater Noster » signifierait « Notre père ». Aurons-nous alors tord de dire :

Notre Patrie
Qui illumine notre vie
Que tes flancs soit sanctifiés
Que ta grandeur soit réalisée,
Que seul ton intérêt s’imprime dans nos actes comme dans nos pensées,
Inonde-nous toujours de courage, de sagesse et de liberté,
Corrige-nous et pardonne-nous de nos égarements,
Comme il convient que l’on se corrige promptement.
Et ne laisse pas la lâcheté nous séduire
Mais fait que la foi en nous puisse grandir
Afin que nous te servions avec justice
De toute notre âme, à l’occasion jusqu’au sacrifice.


Mon nom est celui de ma fonction,
Pour mieux aimer et mieux servir,
Elamineg


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Bantou
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27-août-04, 11h59  (Heure de: New Jersey)
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3. "RE: Echo du Patriote 1 (Fin)"
En réponse au message #2
 
   très belles analyses, Elamineg.

Ce que tu dis là est touchant. Ce qui tue le gabon c'est le manque de patriotisme. Aujourd'hui c'est chacun pour soi, Dieu pour tous.


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ELAMINEG
Membre depuis 13-août-04
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03-sept-04, 12h56  (Heure de: New Jersey)
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4. "Echo du Patriote 2"
En réponse au message #3
 
   ECHO DU PATRIOTE 2 (1er Partie).

2. LE PATRIOTISME DE VIE ET LE PATRIOTISME DE MORT

Patriotes, dans nos premiers échos, nous avons abordé succintement la relation entre le patriotisme et l'Etat. Nous y avons souligné les confusions et la ligne de démarquation. Nous avons pu voir, en règle général, que l'Etat n'est pas le peuple, et qu'il peut meme desservir durable celui par lequel et pour lequel il existe ; que l'Etat peut faillir sur le plan moral et que sa légitimité s'en trouve ébranlée. En résumé, nous avons souligné l'idée que la responsabilité publique dénie au détenteur de se circonscrire à sa seule famille ou à son parti. Et le dernier mot de cette relation entre la patrie et l'Etat s'appelle identification et dissolution du moi. L'homme publique appartient au peuple alors meme que l'individu appartient à des groupuscules. C'est à ce niveau que se trouve le grand mal du Gabon qui ne souffre pas du manque de moyens, mais du manque de moral dont les maladies sont: vol, corruption, paresse, lacheté, traitrise, vanité, imbécilité.

Maintenant, nous allons donner au patriotisme un genre, plus exactement séparer ses genres. Or, comme toute chose, le patriotisme surfe entre la lumière et les ténèbres, entre la réalité et l'illusion, entre vérité et mensonge. C'est donc à juste titre que nous pouvons parler d'un patriotisme de vie et de mort. En cela, abordons d'abord ce qu'est le patriotisme en profondeur avant d'en appécier les genres.


I - LA NATURE PROFONDE DU PATRIOTISME

Le Patriotisme est un champ de noblesse de valeurs humaines mises au service de la Nation à laquelle on appartient. C’est à la fois un regard, une écoute, un ressenti et un mouvement actif et fusionnel de l’individu dans le courant de vie collectif. Ce courant, l’individu le veut harmonieux, c’est à dire libre, paisible et ordonné. Il devra donc se battre à l’occasion et sans relâche pour le rendre possible.

Le Patriotisme est un sentiment de profonde fraternité qui n’est pas une simple déclaration d’intention. Un tel sentiment s’avère être une nécessité vitale que l’on éprouve de concourir au bonheur de soi et des autres. Et de ce point de vue, le Patriotisme sollicite en permanence celui qui s’en nourrit en le faisant au demeurant gardien de la nation. Il lui donne un champ d’action : la patrie ; un seul mobile : l’amour ; une seule arme : le service, et une consécration à l’état de héro : le sacrifice. Celui qui est épris de patriotisme ne compte en cela ni ses peines ni ses efforts, puisque les facteurs sur lesquels il s’appuie pour se définir et s’identifier dans son rapport à la société mène tous à l’unité voire à l’absolu. L’invitation à l’unité dépasse ainsi la compréhension ordinaire. Pour unir, il faut ne plus exister en tant qu’individu mais en tant que totalité, et il faudrait pouvoir s’identifier émotionnellement et spirituellement à l’être social alors même que l’on n’est qu’un individu.

Lorsque « le réformateur des Hommes » se fait l’agneau du sacrifice suprême, suivant la doctrine chrétienne, c’est un homme qui devient Dieu et par là même qui embrasse et embrase le monde de son fluide vital. Mais avant que le sacrifice témoigne de sa plénitude, il a été en tant qu’homme serviteur pour tous, et l’on a soupçonné la divinité en lui par sa capacité à pardonner et à aimer même son bourreau. Pour son cœur, son œuvre était fait pour tous. Aussi paya-t-il de sa vie, au nom de l’idéal patriotique universel qui était le sien, l’idée que l’homme pouvait être Dieu. Jésus à donc oeuvrer pour la Patrie universelle. Mais nous qui sommes englués dans l’ignorance et le vice, il ne nous est pas demandé un effort semblable ; nous sommes simplement invités, s’il le faut, à oeuvrer pour notre « Patrie » particulière.

Le Patriotisme invite à se vivre à tout instant. Nous en avons le modèle le plus parfait dans les maîtres réformateurs. Jésus, Mahomet ou Gautama n’étaient pas enfermés dans le dogme de la religion officielle de leur époque. Aucun d’eux ne divisait leur vie en deux entre les tâches de rabbins, d’iman ou de moine (religion) et les tâches mondaines (laïque). Pour que leur Patriotisme fasse fleurir des âmes, il constituait un tout en lui-même. Et c’est ainsi qu’il participait ardemment et sans violence intérieure à la vie de leur communauté ainsi que le témoigne les propos du Christ disant :

« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

En d’autres termes :

" Rendons au monde un culte nécessaire par le travail qui assure de vivre sobrement,et rendons à Dieu un culte essentiel par la prière qui invite à être meilleur".

Toutefois, sans que les deux se divisent, l’un doit prédominer l’autre dans la mesure où ils ne sont pas de même nature : l’un est intérieur et l’autre extérieur ; l’un est supérieur et l’autre inférieur ; l’un est temporaire et l’autre éternel ; l’un doit être la sève et l’autre l’écorce, cependant que c’est le même arbre. Point de confusion, et tout doit concourir activement à sa juste place. « République » et « Islamique » ne sont en cela pas nécessairement incompatible, et l’existence de l’Etat hébreux répond à ce même désir de primauté spirituelle dans les nécessités temporelles. A vrai dire, « République » et « Religion » sont le souhait d’un mélange harmonieux entre le sacré et le profane, cependant que le sacré demeure la perfectibilité du profane, et cependant que le profane est le champ de manifestation du sacré.

Comment donc expliquer qu’accrocher au désir de Dieu, ou à un idéal élevé de vie, les Hommes en nient la présence effective en se faisant la guerre ? Quel est donc ce Dieu impuissant ? Est-ce le Dieu d’amour incapable de pardonner ? Où est-ce le Dieu de la guerre incapable de la gagner définitivement ?


Mon nom est celui de ma fonction,
Pour mieux aimer et mieux servir,
Elamineg


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ELAMINEG
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11-sept-04, 05h55  (Heure de: New Jersey)
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5. "Echo du Patriote 2"
En réponse au message #4
 
   ECHO DU PATRIOTE 2 (2ième Partie)

2. LE PATRIOTISME DE VIE ET LE PATRIOTISME DE MORT

2.1 - Le Patriotisme de vie

Le Patriotisme de la vie échappe à cette folie humaine qui sait commencer sans pouvoir finir. Dans la noblesse de ses sentiments, le Patriote, alors même qu’il se bat, se garde de donner des coups irréguliers. Si la nation est en guerre, il la défendra, mais il ne tuera jamais gratuitement. Si l’arme est braquée sur lui, il essayera de tirer le premier, mais jamais il ne tuera sans circonstance éprouvée par la justice ou commandée par la nécessité.

Le patriotisme de la vie est d’abord un patriotisme de service et de progrès. C’est le Patriotisme de la charité parce qu’il est toujours enclin à donner et à pardonner. Il lutte contre les ténèbres en donnant l’exemple par les lumières de son vécu, et ses premières armes sont la vérité et la justice.

Amoureux de la vie et de toutes ses richesses, il sait se transporter dans l’antre des êtres et se réjouis comme Orphée des harmonies de la nature ; il s’arrêterait devant un couple de cygnes qui nage sur la rivière, et tendrait l’oreille en regardant le rossignol qui butine un hibiscus dans la forêt équatoriale. La tête au ciel et les pieds bien ancrés sur terre, comme Pythagore, le patriotisme interroge le ciel intérieur sur les problèmes de la terre ; il sait que « le royaume des cieux est en chacun de nous ». Et, autant qu’il se connaît et se domine, il peut deviner la résolution des problèmes sociaux. Mais il reconnaît cependant à l’image de Mahomet, qu’il n’a aucun mérite à voir plus vite et plus loin que ses frères : une aide lui a été apportée à la faveur de sa soumission ! Alors qu’il était jusqu’alors analphabète de la vérité et de l’efficacité, le patriotisme par ses efforts répétés à mieux être et à mieux aimer, à être plus conforme au désir de bonheur social, peut imprévisiblement saisir les clefs du progrès nécessaire pour enflammer la multitude et transformer le monde.

Mais que vaudrait son amour, son savoir, ses conquêtes sans l’altruisme et la bonté de Jésus ? Se pencher vers les faibles, savoir son bonheur solidaire de celui de tous, ouvrir son cœur aux cœurs en peine, répandre la vie envers tous et en tout, voilà la dimension profonde, infinie et active du Patriotisme.

Or cette dimension exige de reconnaître une fois pour toute, sur le plan individuel, que plus l’on sèmera des bienfaits, plus on récoltera de l’ingratitude. L’inconstance du cœur humain fait que celui qui t’adulera aujourd’hui est celui là même qui réclamera ta tête demain.
C’est la raison pour laquelle l’art de l’altruisme vise à nous mettre à l’abris des réactions nuisibles et incontrôlables au nom de l’intérêt supérieur de l’œuvre que nous poursuivons. Mais qu’est-ce que l’altruisme ? C’est l’art d’apprendre à vivre pour les autres en les reconnaissant faibles, errants, fautifs, maladroits et ingrats ; c’est l’art de regarder le meilleur de chacun et de tendre la main même à l’injurieux, à l’hypocrite , à l’offenseur. Si nous aimons assez l’œuvre et non ses fruits, nous supporterons mieux tous les coups que l’œuvre fait pleuvoir sur notre sentier. Nous aurons en définitive un mot d’ordre : « aime et pardonne ! ».

Ainsi, sans cette dimension fondamentale qu’est l’altruisme, le Patriotisme vivant, s’il ne meurt, se transforme en clientélisme appauvrissant. En d’autres cas, celui par exemple d’une guerre, d’une revendication identitaire, le patriotisme de vie peut se transformer fatalement en un patriotisme de lutte et de mort.

Dès lors, le patriotisme apparaît comme une marche frénétique qui ne mène qu’à l’impasse ; c’est la paix des papiers déchirés par le feu des armes dont les conséquences ensemencent des corps qui jonchent nos regards et qui n’émeuvent plus nos coeurs. Ce patriotisme est l’accouplement terrible et effroyable d’un cœur refroidi et d’une raison enflammé ; ce sont les élans mortifères qui s’emparent du nouveau-né venu pourtant pour l’espoir, et fatalement condamné au désespoir.


Mon nom est celui de ma fonction,
Pour mieux aimer et mieux servir,
Elamineg


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ELAMINEG
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18-sept-04, 05h31  (Heure de: New Jersey)
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6. "Echo du Patriote 2"
En réponse au message #5
 
   2. LE PATRIOTISME DE VIE ET LE PATRIOTISME DE MORT

2.2 - Le Patriotisme de mort

Le patriotisme de la mort, c’est le patriotisme des monarques qui luttent contre leur peuple parce qu’ils ont peur de le savoir libre ; c’est le patriotisme des chefs d’Etat qui corrompt tous ceux qui les approchent pour demeurer au pouvoir et qui n’ont pour seule ambition pour leur pays que des prolongations électorales à leur seul bénéfice ; c’est le patriotisme du pilotage, de l’appauvrissement moral, intellectuel et matériel qui fait bon ménage avec des fêtes fastueuses ; c’est le patriotisme des chefs qui calment la fureur à venir du peuple avec de l’endettement et la fête plutôt qu’avec du travail, de l’éducation et de la prière ; c’est le patriotisme de ceux qui ne croient plus en rien autre qu’en l’argent et qui prétendent être des lumières pour le peuple, et qui se croient être les hommes et femmes de la situation ; c’est le patriotisme des chefs d’état prisonniers de leur propre système d’allégeance que la vertu a abandonné au profit des courtisans qui les mènent à leur perte.

Le patriotisme de la mort, c’est celui d’un pouvoir qui ne pense pas à construire des hôpitaux chez lui parce qu’aux frais de leurs administrés, il peut se faire aller soigner ailleurs ; c’est le patriotisme des routes cabossées parce que ses dirigeants mises sur les avions ; c’est le patriotisme d’un pouvoir dont le système éducatif cultive la logique de l’échec pour déverser dans les caniveaux du chômage à venir un pan entier de jeunes issus de familles modestes pour en faire des ouvriers par la force des choses ; c’est le patriotisme où le nom compte avant la qualité de l’être et suffit à mériter ce pour quoi l’on n’a pas travaillé, où les bourses d’étude sont réservés aux enfants de familles rattachés au pouvoir contre toute procédure légale, où la jeunesse s’est prostituée à l’argent et au pouvoir ; c’est le patriotisme sans exemple à suivre, car nul n’a un visage qui brille par le travail ou par le sacrifice en direction du grand nombre, c’est un patriotisme sans héros et dont on ne compte que des nains tant sur le plan moral qu'intellectuel et spirituel.

C’est le patriotisme de ceux qui savent tout et ont réponse à tout sans faire reculer la pauvreté, la corruption, l’injustice, le banditisme et la désolation ; c’est le patriotisme de ceux qui ne comptent pas sur le peuple pour demeurer au pouvoir, de ceux achètent des voix avec de la bière, du sucre et des kilos de capitaines ou d’ailes de dindons, parce qu’ils savent leur peuple suffisamment imbécile et glouton ; c’est le patriotisme de ceux qui ne dirigent que par l’argent ou la force des armes et qui n’ont aucune autorité sur le peuple ; le patriotisme de la mort, c’est celui d’un pouvoir qui s’agrippe vaille que vaille quitte à entraîner tout le monde dans la catastrophe, c’est celui par lequel la médaille au haut-fonctionnaire est une honte car l’on peut à juste titre deviner une source de trahison et de malversation en réseau ; c’est un patriotisme où tous les actes du pouvoir blessure, tandis que tous ses actes du pouvoir en place ne génèrent que le malheur à terme.

Le patriotisme de la mort est caractéristique d’un passé nostalgique qui étouffe le présent, en même temps que le présent se détourne de l’avenir. C’est la peur de vivre intensément par l’avènement des souffrances, aussi se contente t-on de vivre peu par plus d’égoïsme et de plaisirs lâches ; c’est le temps qui n’existe plus et qui laisse l’espace se remplir de misères morales, de pierres, de tanks, de fumée, de marres de sang, de désolation, de colère et de misères physiques. Nouveaux nés et vieillards, femmes et hommes, tous, sans exception, vibrant de ce patriotisme fatal, entonnent parfois des chants de courage qui appellent à la vengeance et à la résolution par la violence, et entament inéluctablement des marches funèbres qui consacrent la folie des hommes passionnels et ignorants dont le malheur pousse à briser les egos.

En fait, ces hommes prient en pareil occasion, mais pour suffoquer sans peur, ils crient pour terrifier l’adversaire. Ils ont vu la mort venir et l’ont embrassé froidement avant l’heure. Mais le spectre infernal est fatigué de tant de labeur, du surcroît de travail, de moissonner sans repos et sans répit, des âmes qui ne vieillissent pas, et des vieillards qui ne mûrissent que pour pleurer sitôt la postérité qui doit les remplacer ; le spectre de la mort s’est surpris alors à piaffer après les pierres qui créent des fontaines de sang, et après des bombes qui en nourrissent les océans.

De ce spectacle macabre, le spectre a désormais une attitude qui surprend : quel plaisir, se dit-il, peut-on avoir à moissonner des âmes qui négligent la mort ? Sans doute le spectre voudrait-il que Dieu le relève de sa tâche ou qu’il en allège le poids. Mais Dieu est-il responsable du vent froid et ténébreux que souffle la liberté des Hommes ? Et chacun n’a t-il pas très tôt choisi sa tâche ?

Spectre, revêtu de ta carapace osselet et grinçante, les yeux plein de vide enrougie de ténèbres, recouvert du manteau de la terreur, voici venue l’heure ta royauté ! Déjà, esquissant le sourire de l’effroi qui laissent entrevoir une denture jouissive du malheur, tu armes ton bras décharné par la faux du temps. L’heure est venue, il faut moissonner ! Justes et méchants, innocents et coupables, tu n’as qu’un moment de retenu pour les uns, un geste excessif pour les autres, mais tu moissonnes. Moissonne donc sans répit et sans pitié. Les grains qui doivent servir à nourrir le moulin de leur vie par des échanges harmonieux, les Hommes préfèrent les semer sur le champ patriotique dont tu es le moissonneur éternel. Point d'éternité pour eux, juste la mort !

Mon nom est celui de ma fonction,
Pour mieux aimer et mieux servir,
Elamineg:o


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