Le gouvernement gabonais a décidé de ramener ses émigrés, composés essentiellement d'étudiants. 400 d'entre eux ont déjà foulé le sol du pays.LA crise que traverse la Côte d'Ivoire depuis bientôt un mois inquiète à juste titre les autorités de notre pays. Devant la tournure que prennent les événements dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest, le gouvernement gabonais a décidé de rapatrier ses mille quatre cents (1400) émigrés, composés essentiellement d'étudiants.
Selon le ministre délégué aux Affaires étrangères, Jean-François Ndongou, des vols spéciaux ont déjà été dépêchés en direction de la capitale ivoirienne. Et à ce jour, quatre cents étudiants ont déjà regagné le bercail. « Nous pensons que les autres étudiants qui sont encore en Côte d'Ivoire, s'ils manifestent le désir de rentrer, nous procéderons à leur rapatriement. II n'y a pas d'obligation. Nous avons informé nos compatriotes que ceux qui le désiraient, pouvaient revenir à Libreville », a-t-il déclaré.
Pour les autorités gouvernementales, cette décision ne va pas déteindre sur les relations d'amitié et de fraternité que notre pays entretient avec la Côte d'Ivoire. « Cela ne remet pas en cause les rapports que nous avons avec les dirigeants de ce pays. Il ne s'agit pas d'un désaveu. C'est tout simplement un souci de protection de nos compatriotes (...) Les parents des étudiants ayant appris la situation qui prévaut en Côte d'Ivoire, ont commencé à inonder le ministère des Affaires étrangères et notre ambassade à Abidjan de questions. Nous leur donnions des réponses mais celles-ci n'étaient pas bien perçues » a expliqué Jean-François Ndongou.
Et de poursuivre: « C'est la pression des parents qui a fait que nous prenions cette décision et ayant analysé la situation académique en Côte d'Ivoire, nous avons jugé utile que nous pouvions les rapatrier. Maintenant, si la situation se normalise, nous pourrons renvoyer les étudiants.
Pour l'instant, nous n'entendons pas les envoyer dans d'autres pays. Nous gardons nos relations de coopération et d'amitié dans tous les domaines avec la Côte d'Ivoire. Nos étudiants sont boursiers. Pour la plupart leur scolarité a été payée en totalité. Certains sont enfin de cycle et vont peut-être soutenir dans très peu de temps pour obtenir soit leur maîtrise ou leur BTS. Donc, il est hors de question pour nous de les affecter dans d'autres pays ».
A l'évidence, c'est devant la persistance et l'extension des conflits dans les différentes régions ivoiriennes que le Gabon s'est résolu a rapatrier tous ses étudiants. « En 1999, il a eu des évènements malheureux en Côte d'Ivoire. Cela ne nous avait pas amenés à rapatrier nos compatriotes. Mais aujourd'hui, il y a persistance du conflit. Nous allons bientôt à un mois et nous ne connaissons pas encore l'issue de ce conflit. Nous espérons que les négociations en cours vont aboutir au retour d'une paix durable dans ce pays. (...) Nous ne pensons pas encore à la question d'affecter nos étudiants ailleurs. S'ils subissent une année blanche comme ce fut le cas chez nous, nous pourrons envisager une autre solution. Mais pour l'instant, nous n'en sommes pas encore là », a relevé le ministre délégué aux Affaires étrangères.
De fait, le rapatriement de la colonie gabonaise en Côte d'ivoire s'effectue en fonction du nombre de candidats. La compagnie nationale Air Gabon et le ministère de la Défense nationale ont mis à contribution des aéronefs civils et des appareils militaires. « Nous avons des vols avec une capacité de 70 et 140 passagers. Donc il est important pour nous de savoir, lorsqu'on affrète un avion que celui-ci a une capacité cohérente avec le nombre de candidats au rapatriement », devait conclure M. Jean-François Ndongou.
En fait, le Gabon ne fait qu'emboîter le pas à bien d'autres États qui ont préféré prendre les devants pour éviter que leurs ressortissants ne subissent des avatars. Car, depuis que les combats font tache d'huile, de nombreux étrangers ont déjà perdu la vie. Il s'agit pour la plupart des Burkinabé dont la présence en territoire ivoirien devient chaque jour de plus en plus problématique. De Daloa, à Korogho, en passant par Abidjan, Yamoussoukro ou Bouaké, l'on assiste à de véritables expéditions punitives. Lesquelles contraignent aujourd'hui les quelques six millions d'étrangers à regagner leurs pays respectifs.